Qohélet 7,1 – 8,1a

Marie, terre excellente

Hélinand de Froidmont

Homélies des Pères cisterciens, II, Pain de Cîteaux 5, p. 259s

         

          La Vierge Marie est une terre bénite, sanctifiée dès le sein maternel, fécondée par le Saint Esprit. Exempte de toute malédiction, elle a conçu sans atteinte pour sa virginité, elle a enfanté sans douleur, elle est morte sans éprouvée la crainte, elle a vécu sans péché.

          Elle est cette Terre promise où coulent le lait et le miel, je veux dire qui nous engendre le Sauveur dont l’humanité est nourrie de lait, la vie toute céleste, l’innocence d’une blancheur éclatante, l’indulgence pleine de douceur, la miséricorde surabondante. Il est considérable par sa justice, menu par son humilité, sublime par sa puissance, tout petit enfant couché dans sa crèche, aimable plus qu’on ne saurait le dire, grand dans le ciel, et au-dessus de toute louange.

          Cette Terre, en s’imprégnant de la pluie qui faisait tomber sur elle le Saint-Esprit, pluie donnée libéralement, réservée par Dieu à son héritage, cette terre, dans le Christ, a été inondée de toutes les bénédictions spirituelles venant du ciel.

          Baignée de rosée, elle est comme le paradis de Dieu ; Dieu y fit pousser à notre intention tous les arbres agréables à l’œil et aux fruits savoureux. On y trouve le prix de notre rédemption attaché, pesé comme à la balance, au fléau de la croix, et le triple fruit autrement dit la forme de toute sainteté, le modèle de la perfection : c’est l’arbre de vie, placé au milieu du paradis. On y trouve encore l’aide si nécessaire de sa très puissante intercession, comme la source qui se partage en quatre lieux et temps ; d’abord au moment de notre chute coupable pour que nous puissions nous relever aussitôt par la pénitence ; puis dans l’état de justice pour que nous ne retombions pas dans le péché ; en troisième lieux au moment du départ de notre âme afin que nous échappions aux bêtes rugissantes prêtes à nous dévorer ; enfin à l’heure où la sentence de notre jugement est prononcée, pour que le purgatoire que nous avons mérité soit moins long et moins dur.