Jonas 3,1 – 4,11

La réponse de Dieu

Carl-A. Keller

Jonas, dans Edmond Jacob, et d’autres, Jonas XIa, p. 289s

 

          Dieu avait posé une question insidieuse à Jonas : As-tu raison de te fâcher ?

          Jadis, quand Jérémie criait à Dieu toute son amertume, Dieu lui répondait. Il répond aussi à la prière analogue de Jonas. Dans le cas de Jérémie comme dans celui de Jonas, la réponse divine est déconcertante. Jérémie apprenait qu’il allait au-devant de difficultés encore bien plus insurmontables et qu’il n’avait qu’à revenir à Dieu. Jonas, lui, est invité à réfléchir à une seule question : As-tu raison de te fâcher ?

          Pour deux raisons, cette question mérite notre attention. D’une part, Dieu accepte de dialoguer avec son prophète. Il reconnaît l’existence d’un problème, d’une difficulté réelle. De l’autre, Dieu agit en bon pédagogue en secouant cet homme abattu, en le forçant à s’interroger lui-même. La solution du problème doit jaillir du cœur de l’homme. Jonas avait oublié que Yahvé est un Dieu vivant, qu’il est à la fois sévère et généreux, amour et colère, juge impitoyable et Père qui pardonne, qu’il est le Maître tout-puissant qui conduit l’homme le long d’un sentier qui connaît des hauts et des bas, des menaces et des promesses, la punition et le pardon. Jonas a tort de se cramponner à un monisme, que ce soit le monisme de l’amour divin ou le monisme de la colère. Il doit découvrir la grande vérité de l’amour dialectique de Dieu, de cet amour qui inlassablement poursuit un seul but : chercher le contact avec la créature, lui parler, l’appeler, dialoguer. Seulement, Jonas taciturne, homme qui a peur du dialogue, est-il capable de saisir la dialectique de Dieu.

          Toutefois, Dieu parle encore, il est présent, il s’explique, il guérit. Jonas et la plante ne sont que l’image de Dieu et des hommes. Quand les hommes sont prospères, Dieu est heureux ; lorsqu’ils meurent, Dieu souffre.

          Le narrateur ne nous dit pas la conclusion de l’histoire : nous ignorons comment Jonas a reçu la leçon. C’est qu’au fond, la réaction de Jonas est sans intérêt. Il suffit que le lecteur comprenne le sens de l’histoire : l’amour de Dieu nous conduit à la repentance. Le lecteur est invité à se joindre aux habitants de Ninive.