Tite 2,1 – 3,2

« Enseigne ce qui est conforme à la saine doctrine »

Saint Jean Chrysostome

Homélie 5, 1, OC 20, p. 42s

 

          Après avoir exigé des serviteurs une grande vertu, car il faut une vertu bien grande pour faire honneur en toutes choses à la doctrine de Dieu notre Sauveur pour ne jamais donner aux maîtres aucun sujet de plainte, pas même le plus léger, Paul expose aussitôt la raison pour laquelle ils doivent être tels. Quelle est cette raison ? La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut. Dès qu’il leur est donné d’avoir Dieu pour maître, comment ne seraient-ils pas ce que j’ai déjà dit qu’ils devraient être, eux à qui tant de péchés sont remis. Vous ne l’ignorez pas sans doute, parmi bien d’autres motifs de confusion, il en est un qui frappe singulièrement une âme, c’est qu’étant responsable de mille prévarications, loin de recevoir le châtiment mérité, elle obtienne avec son pardon des biens sans nombre.     

          Supposez un maître qui met la main sur un serviteur coupable de mille outrages à son égard, et qui, cependant, au lieu de le battre de verges, lui pardonne tout le passé, en lui déclarant seulement qu’il lui demandera compte de sa conduite ultérieure, en lui recommandant, de plus, de ne pas retomber dans les mêmes fautes, et puis le comblerait de dons : quel est celui, pensez-vous, qui ne serait changé par cette indulgence et cette générosité ? Ce n’est pas à dire que la grâce se borne à la rémission des fautes passées ; elle prévient celles qu’on pourrait commettre dans la suite, elle donne la force de les éviter : ceci rentre encore dans la grâce. Si les prévaricateurs obstinés ne devaient jamais être punis, ce ne serait plus de la grâce, ce serait plutôt un encouragement au mal, un piège funeste, une perversion.

          Elle est apparue la grâce de Dieu, faisant notre éducation, afin que, renonçant à toute impiété, à tout désir terrestre, nous vivions en ce siècle avec modération, justice et piété, attendant l’objet de nos espérances, et l’avènement glorieux de notre grand Dieu et Sauveur Jésus le Christ. Voyez comment, en promettant les récompenses, il stipule en faveur de la vertu. C’est toujours dans l’essence de la grâce de nous soustraire aux entraînements d’ici-bas et de nous imprimer un élan vers le ciel. Renoncer à toute impiété, à tout désir terrestre, tel est le programme entier de la vertu.