Qohélet 5,9 – 6,8

Le Vatican sous Pie X

Jacques Gadille

Histoire du Christianisme de J. M. Mayeur, Tome 11, p. 481s

         

          L’élection, le 4 août 1901, du cardinal Giuseppe Sarto, patriarche de Venise, donna aussitôt le sentiment qu’au pape diplomate, Léon XIII, avait succédé un pasteur.

          Au palais du Vatican, il rompit avec la rigidité solennelle de son prédécesseur par un genre de vie plus modeste. Il ouvrit largement les portes aux foules qui venaient le visiter, donnant l’image d’un prêtre affable, attentif aux personnes et soucieux de parfaire la formation spirituelle de ses auditeurs. A une culture étendue, particulièrement informée de ce qui se passait en Italie et en France, il joignait la clarté du jugement et la fermeté, voire l’autorité de ses décisions, surtout quand elles étaient difficiles.

          Le choix de son nom symbolisait sa volonté de renouer avec le pape qui avait dénoncé les errements du libéralisme ; sa devise le disait bien : Instaurare omnia in Christo. Le droit public chrétien devait l’emporter sur l’acceptation des mesures de sécularisation qu’il jugeait attentatoire à l’ordre social chrétien ; il semblait avoir pris acte des quelques échecs de la politique de négociation et de compromis de son prédécesseur. Son élection avait clairement traduit ce tournant. Dès les premiers temps de son pontificat, la Commission Biblique fut réorganisée pour en faire une sorte de tribunal qui décidât de la doctrine en matière d’exégèse. En effet, le nouveau pape entendait faire prévaloir l’unité de doctrine, à commencer par l’interprétation des Ecritures. Ses réserves contre le libéralisme ou le modernisme politique procédèrent de la même source que son rejet du modernisme théologique de ce qu’il appellera le modernisme social. En ce domaine, s’est développée, sur les onze années de son pontificat, une rigueur un peu manichéenne qui s’est accentuée au cours des dernières années. Ce durcissement correspond aux mesures qu’il prit contre la République française et son régime de séparation.

          La complexité, l’étendue de sa charge étaient tels que c’était, à certains égards, un pari impossible, et que le petit nombre de ses conseillers constitua plutôt un écran qui empêchait le pape d’avoir une vue des choses à la fois nuancée et globale.