Tobie 1, 1-22

Message du livre

Père Raymond Pautrel

Tobie, La Bible de Jérusalem en fascicules, p. 8s

 

                 Le livre de Tobie est un récit d’édification où le respect de la mort et le conseil de l’aumône ont une place marquante. L’ensemble vise à restituer l’atmosphère de la Genèse par une ambiance d’esprit de famille et de sens de la Providence.

                Tobie rentre dans le cycle des rencontres, comme l’histoire de Joseph, et plus tard celle du Prodigue. Le sens familial, éprouvé par les séparations, exalté par les revoirs, est un des charmes de Tobie. Le mariage, auquel nous assistons, est une de ces alliances endogames, par quoi les patriarches avaient évité la contamination des païens. La parenté a donc plus à y voir que les seuls fiancés. Eliézer n’a-t-il pas choisi Rébecca pour Isaac ? Ainsi Raphaël suggère Sarra à Tobie, qui l’aimera avant de la voir. C’est un type d’amour sans passion, exorcisé dirait-on dans le sortilège de la famille. Il suffira d’ajouter une aura de prière à la rencontre nuptiale, pour aboutir à une représentation très élevée, chrétienne avant la lettre, du mariage.

                De deux infortunes et de deux prières, Dieu fait une grande joie. Comme dans la Genèse, Dieu est tout près des hommes. Abraham avait dit à Eliézer : Dieu enverra son ange devant toi, et fera réussir ton voyage : tu prendras pour mon fils une femme de ma parenté. Cet ange de la route est devenu Raphaël, dont le nom, Dieu guérit, indique la mission précise. Son rôle est toujours d’être l’instrument de l’action de Dieu, il la manifeste et il la masque tout à la fois. De plus, c’est lui qui transmet à Dieu la prière des saints. Les guérisons qui en résultent peuvent sembler trop belles, trop littéraires, pour être croyables. Prenons-y garde : ce livre n’est pas fait pour nous donner une recette pour la cécité des yeux, mais pour l’aveuglement de l’esprit. La Providence quotidienne de Dieu, qu’il nous invite à deviner dans nos vies, n’est pas un conte. L’Ecriture nous montre ici une conception optimiste de la vie. Si l’Ecclésiaste, en réfléchissant sur l’homme seul, est désenchanté, le croyant qui a écrit Tobie, en présentant la proximité d’un Dieu bienveillant, nous invite à ajouter la foi à l’expérience brute. C’est ainsi qu’il a fait surgir une oasis du désert.