Marc 9, 30-37

« Qui est le plus grand ? »

Claire Patier

Avec saint Marc, p. 152s

 

                 Les disciples ont encore du chemin à faire pour entrer dans le mystère de la mission du Seigneur, car ils s’étaient disputés en chemin pour savoir qui est le plus grand. Ils ont oublié sans doute ce qui est dit du plus grand personnage de l’Ancien Testament, Moïse : Moïse était un homme très humble, l’homme le plus humble, ou le plus pauvre, ou le plus petit, que la terre ait porté (Nombres 12,3). Si ce géant de la foi vivait dans l’humilité, il annonçait déjà l’humilité de Dieu qui, en Jésus, se fit obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix.

                La tentation perpétuelle des disciples, qui est celle du peuple tout au long de son histoire, c’est de raisonner à la manière du monde au lieu de se modeler sur Dieu. Ce qui importe, c’est de ressembler à Jésus qui a vécu comme un enfant totalement abandonné entre les mains du Père, en toute humilité et soumission. D’ailleurs, Jésus précise : à cause de mon nom, ou plutôt en mon nom. Le nom de Jésus est un nom sauveur, être en lui signifie croire en lui, s’appuyer sur lui. Accueillir les petits, les faibles, les enfants, c’est accueillir Jésus présent en eux, Jésus qui s’est lui-même fait faible, petit, pour descendre jusqu’à nous.

                La première prière d’Abraham fut celle-ci : Il bâtit un autel et fit des invocations en s’appuyant sur le nom du Seigneur (Genèse 12,8). Quant au prophète Isaïe (50,10), il recommande de se confier dans le nom du Seigneur, de s’appuyer sur Dieu. Accueillir un petit enfant en s’appuyant sur le nom de Jésus, c’est faire un acte de foi dans la présence du Seigneur au cœur de la faiblesse et de la petitesse, c’est faire mémoire des abaissements de Dieu et accepter de se mettre à son école. Il n’est donc pas question uniquement de s’attendrir devant les enfants, de louer leur innocence, mais de les aimer : Jésus les embrasse, et de discerner, dans leur attitude naturelle de dépendance et de confiance, l’attitude spirituelle que Dieu attend de nous. Selon le mot de saint Hilaire, Par enfants, le Seigneur signifie tous ceux qui croient par la foi après avoir écouté… comme les enfants qui suivent leur père, aiment leur mère, tiennent pour vrai ce qu’on leur dit. L’habitude et la volonté de semblables dispositions nous acheminent vers le Royaume des cieux. Si nous revenons à la simplicité des enfants, nous rayonnons autour de nous l’humilité de Dieu.