Matthieu 9, 9-13
« Il lui dit : Suis-moi »
Père Jean-Marie Gueullette
Laisse Dieu être en toi, p. 87s
Tu es appelé à suivre le Christ partout où il va, mais pas à l’imiter. Cela vient-il contredire les traditions spirituelles qui ont fait de l’imitation du Christ l’essentiel de la vie chrétienne ? Pas forcément : ce qu’il te faut éviter, ce sont des formes d’imitation qui entravent la vie. Le désir de faire comme le Christ, au sens de réaliser les mêmes gestes, est à considérer comme une tentation. Il y a deux raisons à cela. La première, c’est qu’une telle imitation viendrait réduire jusqu’à la supprimer la diversité des chemins, des tempéraments, des vocations. La seconde, c’est qu’un tel idéal peut pousser au désespoir, car il est voué à l’échec, par définition.
Chacun doit suivre le Seigneur à sa manière. Il te faut comprendre à quoi Dieu t’exhorte le plus nettement, car tous les hommes ne sont pas appelés par la même voie. Il ne faut pas t’inquiéter outre mesure si tu comprends que ta propre voie ne passe pas par de grandes choses, de grands projets, une forme de vie extraordinaire.
Il n’est donc pas nécessaire d’envisager un modèle unique de comportement chrétien, ni de te désespérer en voyant d’autres agir autrement que toi. Il s’agit avant tout de comprendre ce que le Christ a fait, de comprendre le sens de ses comportements, puis de voir comment la vie du Christ vient éclairer la tienne, aujourd’hui. Chacun entend les enseignements du Maître, et en tire des conséquences sur ce qu’il a à faire.
Ne te désespère pas quand tu vois que ta vie est marquée par la faiblesse et la banalité, qu’elle ne contient aucune prouesse spirituelle, physique ou apostolique. Il te faut discerner quels sont les lieux qui nécessitent tes efforts et ta conversion, en te rappelant que c’est au cœur de notre faiblesse, de nos ambiguïtés, que le Seigneur nous invite à lui ressembler, à nous unir à lui. C’est paradoxal, c’est surprenant, mais c’est pourtant là qu’il t’attend.