Esther 3, 1-11

La vraie prière vient du cœur

Saint Cyprien

Prier dans l’Afrique Chrétienne, PdF 104, p. 54s

 

                Que la prière se fasse dans l’ordre, qu’elle soit toute de paix et de discrétion. Réalisons que nous nous tenons en présence de Dieu : il faut être agréable à ses yeux par l’attitude du corps et par la manière de parler : les indiscrets font entendre des clameurs ! La pudeur prie avec modestie. D’ailleurs dans son enseignement, le Seigneur nous ordonne de prier en secret, dans des endroits cachés et retirés, dans notre chambre. Et cela convient parfaitement à la foi ; elle sait, en effet, que Dieu est présent partout, qu’il voit tout et entend tout : Je suis un Dieu proche et non un Dieu lointain. Si un homme se cache, je ne le verrais pas ? (Jérémie 23,23-24). Et ailleurs : En tout lieu, les yeux de Dieu observent les bons et les mauvais (Proverbes 15,3).

                Quand nous ne faisons qu’un dans l’assemblée, nous devons aussi ne pas oublier l’ordre et la discrétion, ne pas semer au vent, ne pas jacasser en un tumultueux bavardage, alors que ce que recommande à Dieu nos demandes, c’est l’humilité. Dieu est à l’écoute des cœurs et non des voix.

                Au premier livre des Rois, Anne, figure de l’Eglise, priait le Seigneur sans crier, en silence, à l’abri de l’humble mur de son cœur. Sa prière ne s’entendait pas, sa foi était manifeste. Son cœur parlait, non sa voix, car elle savait que Dieu écoutait : Elle parlait dans son cœur et ses lèvres remuaient, mais on n’entendait pas sa voix : Dieu l’a exaucée (1 Rois 1,13).

                Que celui qui adore Dieu n’ignore pas comment priait dans le Temple, en même temps que le pharisien, le publicain. Il ne levait pas les yeux au ciel sans pudeur, il ne dressait pas des mains insolentes. Mais, frappant sa poitrine et découvrant les péchés que renfermait son cœur, il criait au secours vers le Dieu de miséricorde. Or, plutôt que le pharisien se complaisant en lui-même, le publicain obtint d’être sanctifiait. C’est qu’il ne plaçait pas l’espoir de son salut dans sa confiance en son innocence, personne n’est innocent, mais, confessant ses fautes, il priait humblement et, celui qui pardonne aux humbles, écouta sa supplication.