2 Pierre 2, 1-8

Vrais ou faux prophètes

Père Georges Auzou

La tradition biblique, p. 158s

 

          Les prophètes sont essentiellement les messagers, les interprètes, les porte-parole de Dieu. Une expression sans cesse répétée par eux les caractérise : Ainsi parle Yahvé. Ils sont des prédicateurs affirmant que leurs déclarations sont la Parole de Dieu et qu’ils sont envoyés précisément pour la faire connaître au peuple.

          Comment les reconnait-on ? Pourquoi eurent-ils audience et créance ? Car il ne manqua jamais de faux prophètes. Ceux-ci sont de deux sortes : les prophètes d’une autre religion que celle de Yahvé, prophète de Baal, des idoles, des dieux étrangers, et les prophètes prétendant parler au nom de Yahvé mais ne paraissant pas en avoir reçu de lui le mandat et parlant selon leur propre cœur. Les prophètes qui se réclament d’une mission expresse de Dieu auront une lutte incessante à soutenir contre ces faussaires, ces illuminés, ou simplement ces politiciens courtisans aux paroles faciles et complaisantes. Un sûr instinct semble avoir habituellement permis aux Israélites, aux meilleurs et aux fidèles du moins, de reconnaître ceux que Dieu envoyait vraiment. Le témoignage de leur vie personnelle et de leur foi était du reste assez probant. En outre une théologie du prophétisme ne tarda pas à noter que la réalisation de prédictions faites par un prophète, donc à court terme, était ordinairement un bon critère de discernement et garantissait l’authenticité de ses autres paroles. Le prophète, lui, est si sûr d’être appelé par Dieu qu’il en éprouve l’emprise parfois à contre-cœur et de mauvais gré, et qu’il s’en plaint.

          Sa mission est d’ailleurs difficile, ingrate. Elle l’est d’autant plus qu’il va souvent à contre-courant de l’opinion générale, qu’il doit s’opposer à la pression des puissants et à la veulerie des suiveurs. Aussi peut-il s’attendre, non aux succès immédiats, mais à bien des résistances, à l’isolement et même à la persécution.