2 Timothée 1, 1-18

« Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile »

Benoît XVI

Homélie du 28 juin 2008, DC n° 2407, Tome CV, p. 720s

 

          Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile, dit l’apôtre Paul à son disciple Timothée. Cette parole, qui se trouve à la fin des chemins parcourus par l’apôtre, comme un testament, renvoie en arrière, au début de sa mission. Alors que, après sa rencontre avec le Ressuscité, Paul, aveugle se trouvait dans la maison de Damas, Ananie reçut le mandat d’aller chez le persécuteur craint et de lui imposer les mains, pour qu’il retrouve la vue. A Ananie qui objectait que ce Saul était un dangereux persécuteur des chrétiens, il fut répondu : Cet homme doit faire parvenir mon nom auprès des peuples et des rois. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom ? (Actes 9,15s). La charge de l’annonce et l’appel à la souffrance pour le Christ vont de pair inséparablement. L’appel à devenir le maître des nations est dans le même temps et intrinsèquement un appel à la souffrance dans la communion avec le Christ qui nous a rachetés à travers sa passion.

          Dans un monde où le mensonge est puissant, la vérité se paye par la souffrance. Celui qui veut éviter la souffrance, la garder loin de lui, garde loin de lui la vie elle-même et sa grandeur ; il ne peut pas être un serviteur de la vérité et donc un serviteur de la foi. Il n’y a pas d’amour sans souffrance, sans la souffrance du renoncement à soi-même, de la transformation et de la purification du moi pour la véritable liberté. Là où il n’y a rien qui vaille la peine de souffrir, la vie elle-même perd sa valeur. L’eucharistie, le centre de notre être chrétien, se fonde sur le sacrifice de Jésus pour nous, elle est née de la souffrance de l’amour, qui atteint son sommet dans la croix. Nous vivons de cet amour qui se donne. Il nous donne le courage et la force de souffrir avec le Christ et pour lui dans ce monde, en sachant que précisément ainsi notre vie devient grande, sûre et véritable. A la lumière de toutes les lettres de Paul, nous voyons que sur son chemin de maître des nations s’est accomplie la prophétie faite à Ananie à l’heure de l’appel : Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom. Sa souffrance le rend crédible comme maître de vérité, qui ne cherche pas son propre profit, sa propre gloire, la satisfaction personnelle, mais qui s’engage pour celui qui nous a aimés et s’est donné lui-même pour nous tous.