2 Pierre 2, 9-22

« Voyez comme le Seigneur nous montre le chemin de la vie ! »

Père Ceslas Spicq

Les épitres de saint Pierre, p. 237s

 

          Selon la conception biblique, la vie morale est une marche sur une voie droite qui dirige l’homme vers Dieu. Le salut résulte de cette bonne orientation. Trois verbes       signalent comment les hérétiques-apostats, ayant abandonné le Voie de vérité, errent et se fourvoient pour s’engager finalement dans le pire des directions : sur la voie de Balaam.

          Quand on sait la valeur d’une bénédiction-malédiction chez les Sémites, et que toute la vocation du peuple élu est d’être bénie de Dieu, on conçoit qu’il n’y ait guère de plus grand crime que celui proposé au prophète par le roi de Moab : maudire Israël ! Or Balaam, soudoyé par Balac accepta cette infamie. L’accent est à la fois sur le verbe faire grand cas, s’attacher, préférer, et sur la qualification du salaire, un salaire d’iniquité analogue à celui de Judas ; en effet, au moment de l’adjonction de Matthias, à la place de Judas, Pierre déclare : il allait que s’accomplisse ce que l’Esprit Saint avait annoncé dans l’Ecriture, par la bouche de David, à propos de Judas devenu le guide de ceux qui ont arrêté Jésus. Il était de notre nombre, il avait reçu sa part de notre service. Or, ces hommes-là, avec le salaire de l’iniquité avait acheté une terre…

          De ce chef, Balaam est un type saisissant de tous les prophètes cupides qui disent ce que Dieu ne les a pas chargé de dire ; mais, comme il avait, en outre, entraîné les Israélites aux pratiques licencieuses du culte idolâtrique de Beelphégor, il fut massacré, et, à l’instar d’Esaü impudique et profanateur, il fut chargé de tous les vices et figura dans la tradition juive comme le pervers par excellence.

          On sait comment la monture du prophète, une ânesse, laquelle se montre plus intelligente des choses divines, quelle humiliation !, put trouver un moyen de s’exprimer pour stopper l’égarement démentiel de Balaam.