Esther 4, 17k-17p + 17t-17z

La prière d’Esther

Père Jean Lafrance

Persévérants dans la prière, p. 186s

 

                Dieu, un jour, nous sauvera, non pas à cause de nos efforts, mais en réponse aux efforts de confiance que nous aurons faits. Pour en arriver là, il y a un passage obligé à franchir, un test, c’est le désespoir de ne pas arriver à donner à Dieu toute la confiance qu’il attend de nous. L’homme qui n’a pas été tenté par le désespoir ne sait rien, car il n’est pas tombé assez profond pour faire un saut dans l’espérance et la confiance. C’est la prière de supplication qui lui donnera, comme à Esther, d’espérer contre toute espérance. La confiance est quelque chose d’inouï et de complètement impossible, qui nous fait avancer là où le chemin est humainement bloqué. La foi a ce privilège qu’elle est donnée par Dieu, mais que nous pouvons aussi la donner.

               

                C’est pourquoi la foi nous justifie et nous sanctifie, non pas sans les œuvres, mais parce que la confiance est tellement puissante qu’elle nous donne envie de réaliser les œuvres impossibles lorsque nous sommes laissés à nos propres forces. Pour cela, il faut avoir le courage de trembler et de tout attendre de Dieu. Dieu récompense notre constance et nous donne en même temps d’être sauvés, ce qui pourrait se traduire d’une autre manière : « Donne-nous mérite et vertu, donne-nous le salut final » (dernière strophe du Veni Sancte Spiritus). La sainteté ne se réalise pas sans notre coopération, mais elle n’est pas notre œuvre, elle est une réponse à notre foi et à notre prière, car, dans le monde de Dieu, tout est grâce. Il attend notre collaboration, et la seule manière de collaborer à la grâce est d’y croire en la demandant. C’est pourquoi, le Christ ne cesse de nous redire dans l’évangile : Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, vous l’obtiendrez.

               

                Si nous acceptons de crier vers Dieu, il nous enverra le Sauveur, et en même temps la récompense et le salut. Celui qui comprend cela, bâtit sa vie sur le roc.