Baruch 1,14-2,5 + 3,1-8

Le Christ, débiteur des Martyrs

Saint Jean Chrysostome

Panégyriques des Martyrs, SC 595, p. 249s

 

                Si tels sont sur terre les honneurs conférés aux martyrs, quelles sortes de couronnes sont tressées dans les cieux pour leurs saintes têtes, après leur départ d’ici-bas ! Si leur gloire est si grande avant la résurrection, combien grand sera leur éclat après la résurrection ! S’ils font l’objet d’une sollicitude si grande de la part de leurs compagnons d’esclavage, combien grande sera la bienveillance qu’ils obtiendront du Maître ! Si nous, qui sommes mauvais, savons honorer avec tant d’admiration ceux de nos compagnons d’esclavage qui ont accompli de belles actions lorsqu’ils ont combattu pour le Christ, combien davantage notre Père céleste offrira-t-il de biens innombrables à ceux qui ont souffert pour lui ? Il est en effet généreux et ami des hommes. Mais ce n’est pas en raison de ces qualités que de grands honneurs les attendent, non, c’est parce qu’il est leur débiteur. Les martyrs n’ont pas été exécutés pour nous, et cependant nous accourons pour les honorer. Or, si nous, pour qui ils n’ont pas été exécutés, nous accourons, que ne fera pas le Christ, lui pour qui ils ont sacrifié leur tête ? S’il a offert autant de présents à ceux auxquels il ne devait rien, avec combien de présents ne rétribuera-il pas ceux dont il est le débiteur ? Il ne devait auparavant rien au monde, car tous ont péché, dit Paul, et sont privés de la gloire de Dieu, ou plutôt, il lui devait châtiments et punition. Et cependant, alors qu’il nous devait châtiment et punition, il nous a gratifiés de la vie éternelle. Alors, s’il a offert le royaume à ceux à qui il devait le châtiment, que n’offrira-t-il pas à ceux à qui il doit la vie éternelle ! Et de combien d’honneurs ne les honorera-t-il pas ! S’il a été crucifié et a versé son sang pour ceux qui le haïssaient, que n’accomplira-t-il pas pour ceux qui ont versé leur sang parce qu’ils croyaient en lui ! S’il a aimé à ce point ceux qui lui ont tourné le dos et se sont empressés de le fuir, avec quelle bienveillance et quelle sollicitude accueillera-t-il ceux qui lui ont porté un amour si fort ! En effet, nul n’a d’amour plus grand que celui qui donne sa vie pour ceux qu’il aime.