Saint Grégoire le Grand

Pape Benoît XVI
La sainteté ne passe pas, p. 189s

Un des grands Pères de l’histoire dans l’Eglise, un des quatre docteurs de l’Occident, le pape saint Grégoire fut évêque de Rome entre 590 et 604 : la tradition lui attribua le titre de Grand. Entré très tôt dans la carrière administrative, il en atteint très jeune le sommet, devenant préfet de la ville. Une telle vie ne devait pas le satisfaire, car, peu après, il décida de quitter toute charge civile pour se retirer dans sa maison et commencer une vie de moine. De cette période de vie monastique, vie de dialogue permanent avec le Seigneur dans l’écoute de sa parole, il lui restera toute sa vie la nostalgie. A la mort du pape Pélage II, le clergé, le peuple et le sénat furent unanime pour monter sur le Siège de Pierre. Il chercha à résister, tentant la fuite, mais il n’y eut rien à faire : il dut céder.
Reconnaissant la volonté de Dieu dans ce qui était arrivé, le nouveau Pontife se mit immédiatement au travail avec zèle. Dès le début, il révéla une vision particulièrement clairvoyante de la réalité avec laquelle il devait se mesurer, une extraordinaire capacité de travail pour affronter les affaires ecclésiastiques et civiles, un équilibre constant dans les décisions, parfois courageuses, que sa charge lui imposait.
A côté de son action purement spirituelle et pastorale, le pape Grégoire fut également le protagoniste actif d’une activité sociale multiple. Avec les rentes de l’important patrimoine que le Siège romain possédait en Italie, en particulier en Sicile, il acheta et distribua du blé, il secourut ceux qui étaient dans le besoin, il aida les prêtres, les moines et les moniales qui vivaient dans l’indigence, il paya les rançons des citoyens devenus prisonniers des Lombards, il conclut des armistices et des trêves. En outre, il accomplit aussi bien à Rome que dans d’autres parties de l’Italie une œuvre soignée de réorganisation administrative, en donnant des instructions précises afin que les biens de l’Eglise, utiles à sa subsistance et à son œuvre évangélisatrice dans le monde, soient gérés avec une rectitude absolue et selon les règles de la justice et de la miséricorde.
C’était un homme plongé en Dieu : le désir de Dieu était toujours vivant au fond de son âme, et c’est précisément pour cela qu’il était toujours très proche de son prochain, des besoins des personnes de son époque. A une époque désastreuse, et même désespérée, il sut établir la paix et donner l’espérance. Cet homme de Dieu nous montre où sont les véritables sources de la paix, d’où vient la véritable espérance, et il devient ainsi un guide également pour nous aujourd’hui.