Sur Luc 14, 25-33
Lève-toi, allons-nous en d’ici !
Saint Philoxène de Mabboug
Homélies, Neuvième homélie, SC 44, p. 294s

Toi qui renonces à ce qui se voit, ne demande pas comment est la richesse que tu recevras en échange de ta pauvreté, mais, au lieu de cela, applique-toi à abandonner la pauvreté et à courir à l’acquisition de cette richesse. Comment est-elle, à quoi ressemble-t-elle ? Paul t’explique non pas comment elle est, mais qu’elle n’a pas de mesure : Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, c’est ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. La grandeur des récompenses est révélée par ces paroles et de semblables.
Ecoute les voix divines qui te poussent à sortir rejoindre Jésus pour renoncement à tout. Alors, tu seras un disciple achevé : Celui qui ne renonce pas à tout ce qu’il a ne peut pas être mon disciple. Après cela, qu’as-tu à dire ou à répondre ? Tous tes problèmes tombent et sont abolis par une seule parole. La Parole de Vérité est le sentier sublime par où tu dois avancer. Il te dit encore dans un autre passage : Celui qui n’abandonne pas tout ce qu’il a, qui ne prend pas sa croix, ne vient pas après moi, ne peut pas être mon disciple. Et pour nous apprendre à renoncer, non seulement à nos biens pour Le glorifier, au monde pour le confesser devant les hommes, mais aussi à notre vie passagère, il dit encore : Si quelqu’un ne renonce pas à lui-même, il ne peut être mon disciple. Il ajoute en plus : Celui qui veut se sauver lui-même se perdra ; celui qui se perdra pour moi se sauvera. Et ce n’est pas fini, il ajoute : Celui qui se perd se garde pour la vie éternelle, et celui qui me sert, mon Père l’honorera.
Il dit alors à ses disciples : Levez-vous ! Allons-nous en d’ici ! Par cette parole, il a montré que sa place, ainsi que celle de ses disciples n’est pas ici. Où donc aller, Seigneur ? Là où je suis, que mon serviteur y soit aussi ! Si Jésus nous crie : Levons-nous donc, allons-nous en d’ici !, qui sera assez sot pour consentir à rester avec des cadavres dans des tombeaux, à habiter parmi les morts ? Chaque fois que le monde, ou ta parenté, veut te retenir, rappelle-toi la parole du Christ : Levez-vous ! Allons-nous en d’ici ! Si tu es vraiment vivant, cette voix suffira à te stimuler. Chaque fois que tu veux t’asseoir, te reposer, te regarder là où tu es, rappelle-toi cette voix pressante, dis-toi à toi-même : Lève-toi ! Allons-nous en d’ici !