Sur 2 Pierre 3, 11-18
Eschatologie et morale appropriée
Père Ceslas Spicq
Fin du monde et vie chrétienne, AS 6, p. 38-40

Si l’on ne croit pas à la parousie, on ne peut vivre que dans l’hédonisme ou dans le désespoir. Mais, depuis le Sermon sur la montagne, les disciples sont invités à mettre leur conduite en accord avec leurs convictions de foi. Cette logique et cette loyauté expriment clairement le propos de saint Pierre : Quels hommes devez-vous être ! Quelle sainteté de vie ! Quel respect de Dieu ! Puisqu’une conflagration va tout détruire, il faut en tenir compte, y adapter nos sentiments et notre comportement : à chacun de se conformer à cette fin et à cette situation objective.
Une telle morale eschatologique a son orientation vers Dieu et son caractère cultuel : sainteté et piété. La sainteté, selon la langue biblique, s’entend moins de la perfection des vertus que de la séparation du péché et de l’attachement à Dieu : l’honorer et le servir en toute dignité dans une intégrité morale au-dessus de tout soupçon. Telle est d’ailleurs la définition même de la vie chrétienne dans la seconde moitié du premier siècle : la piété ne cherche qu’à accomplir la volonté de Dieu, et traduit dans les mœurs les exigences de la profession de foi.
Pour cela, il faut rester en alerte selon la prescription du Seigneur et attendre ; ce verbe, trois fois répété, dit bien l’attitude pratique et permanente du chrétien dont l’esprit ne pense en quelque sorte qu’aux cieux nouveaux et à la terre nouvelle : son cœur en est épris et désire intensément son Seigneur. Cette ferveur impatiente peut même hâter et avancer le retour du Christ. Aussi un chrétien authentique, dont le seul trésor est Dieu, doit avoir à cœur de réaliser pour sa quote-part les conditions requises pour le retour du Christ : une vie sainte, la propagation de l’Evangile et de la foi, une prière instante : Que ton Règne vienne.
Puisque ce renouvellement du monde aboutit à un royaume de justice, le zèle des croyants s’attache à la conservation d’une innocence parfaite dans cette paix merveilleuse, qui est un don de Dieu et qui constitue dès maintenant la béatitude des vigilants.
Plus qu’aucun autre texte du Nouveau Testament, celui-ci fournit à chaque chrétien l’occasion de juger s’il est un vrai disciple du Seigneur Jésus ; l’intensité de notre attente est à la mesure de notre amour.