Sur Baruch 1,14-2,5 . 3,1-8
Le courage dans le témoignage

Saint Cyprien
Correspondance, Lettre LX à Corneille, Les Belles Lettres, p. 190s

Cyprien à Corneille son frère, salut ! Nous avons reçu, frère très cher, les glorieux témoignages de votre foi, de votre courage, et votre belle confession de foi nous a donné tant de joie que nous nous considérons comme participant à vs mérites et à votre gloire. Comme il n’y a entre nous qu’une église, qu’une âme, et qu’un cœur, quel évêque ne se réjouirait de la gloire d’un autre évêque comme d’une gloire propre à lui-même, et quel est le groupe de frères qui ne serait heureux de voir des frères dans la joie ? On ne saurait dire toute l’allégresse, toute la satisfaction qui s’est manifestée ici, quand nous avons appris ces heureuses nouvelles de votre courage, quand nous avons su que vous avez servi de chef aux frères, dans la confession, mais aussi que la confession du chef a été rehaussée par la conformité de sentiment des frères. Ainsi, en marchant à la gloire le premier, vous avez eu beaucoup de compagnons de gloire, vous avez décidé les fidèles à être confesseurs, en vous tenant prêt, le premier, à confesser pour tous. Nous ne savons que louer le plus en vous, ou bien votre foi prompte et ferme, ou bien cette affection des frères qui ne permet pas de séparation. Le courage de l’évêque marchant le premier s’est montré publiquement, l’union des frères suivant l’évêque s’est affirmée de même. Il n’y a eu chez vous qu’un cœur et qu’une voix, et toute l’Eglise de Rome a confessé Jésus-Christ.
On a vu briller, cher frère, cette foi dont le bienheureux apôtre vous a fait honneur. Le courage glorieux d’aujourd’hui et cette fermeté de résolution, il les voyait d’avance en esprit, en louant l’avenir en célébrant vos belles actions, il n’exaltait les pères que pour encourager les fils. En étant unis, en étant forts, vous avez donné aux autres frères de grands exemples de force et d’union. Vous avez montré qu’il faut avoir très vive la crainte de Dieu, et s’attacher fermement au Christ, que le peuple doit se tenir avec les évêques dans le péril, que les frères ne doivent pas se séparer des frères dans la persécution, que ceux qui sont unis ne peuvent être vaincus. Que le Dieu de paix accorde aux pacifiques ce qu’ils lui demandent tous ensemble.