Sur Siracide 26,1-4+9-18
L’aide semblable à lui

Dom Pierre-Marie Galopin
BVC 34, p. 38s

Au sujet de la femme, la Bible fournit des indications sur deux plans différents et d’importance inégale. Sur le plan social, les Livres saints reflètent simplement la situation réservée à la femme au cours des siècles bibliques. La Bible ne fait pas de féminisme au sens où nous entendons ce mot actuellement. Mais au plan théologique, beaucoup plus profond, dès le récit de la création et jusqu’à l’ultime vision de l’Apocalypse, elle révèle ce qu’est la femme en son être véritable. Elle indique par là quelle est sa place et sa dignité, son rôle et sa mission. De ce point de vue, le texte inspiré peut servir de base à un authentique féminisme. En effet, à la fin de chaque récit de la création, le texte biblique de la Genèse situe la femme dans le plan créateur de Dieu. Le premier d’entre eux se termine ainsi : Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Le deuxième récit est beaucoup plus détaillé : toute une mise en scène tend à enseigner la nécessité pour l’homme d’avoir une aide semblable à lui. Elle a été absolument introuvable parmi les animaux vraiment inférieurs. Dieu intervient alors par l’envoi d’un sommeil mystérieux, et, d’une côte de l’homme, Il bâtit la femme. Dès qu’elle apparaît, éclate, vibrant d’enthousiasme, le premier chant d’amour : Celle-ci est vraiment l’os de mes os, la chair de ma chair. Le tout se termine par la fondation d’un foyer, le premier de l’humanité : L’homme laissera son père et sa mère, s’attachera à sa femme. Ils deviendront une seule chair.
Dans ces deux textes, ni l’homme, ni la femme n’apparaît jamais seul. Dans le premier, ils sont créés conjointement, tandis que, dans le second, la femme est la réplique indispensable de l’homme. Trois idées peuvent alors se dégager. Tout d’abord, l’égalité de nature dans l’homme et la femme avec une même destinée surnaturelle pour l’un et l’autre ; ensuite, la complémentarité de l’un par rapport à l’autre sous certains aspects avec des tâches spéciales à l’un et à l’autre en même temps que des devoirs appropriés ; enfin la dépendance de la femme par rapport à l’homme, ce qui implique encore des tâches spéciales et des devoirs appropriés. Ainsi l’a voulu Dieu au commencement dans son plan créateur. Ainsi le rétablira Jésus dans son plan rédempteur, simple reprise du premier plan divin. L’Evangile se réfère au texte de la Genèse chaque fois qu’il s’agit de préciser la place de la femme dans l’économie nouvelle. Saint Paul fait de même dans ses lettres. Presque toujours le renvoi est explicitement signalé pour affirmer que l’enseignement, si nouveau qu’il puisse paraître, n’est que la restitution de ce qui existait au début, avant le péché.