Sur Luc 18, 1-8
Quand la prière vient de Dieu
Saint Isaac le Syrien
Œuvres spirituelles, 21ème discours, p. 143s

Bienheureux l’homme qui connaît sa propre faiblesse, car cette connaissance est en lui le fondement, la racine, le principe de toute bonté. Quand un homme a appris et senti sa propre faiblesse, il concentre son âme hors de la vanité qui enténèbre la connaissance, et il garde en lui, comme un trésor, la vigilance. Mais nul ne peut sentir sa propre faiblesse, s’il ne lui a pas été donné, si peu soit-il, d’être éprouvé par les peines du corps ou par celles de l’âme. Comparant alors sa faiblesse à l’aide de Dieu, il connaîtra la grandeur de cette aide. Quand il considère en effet la multitude de ses efforts par lesquels il espère rendre à celle-ci la confiance, mais n’y parvient pas, ou quand son cœur craint et tremble hors de toute sérénité, qu’il comprenne alors et qu’il sache que cette crainte de son cœur signifie et révèle qu’il a tout à fait besoin qu’un autre l’aide. Il est dit que seule sauve l’aide de Dieu. Quand un homme sait qu’il est dénué de secours divin, il prie d’abondance. Et plus il prie, plus son cœur se fait humble. Car on ne peut pas prier et demander sans être humble. Un cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas. Tant que le cœur ne s’est pas fait humble, il lui est impossible en effet d’échapper à la distraction, car l’humilité recueille le cœur. Quand l’homme s’est fait humble, aussitôt la compassion l’entoure, et le cœur alors sent le secours divin. Il découvre que monte en lui une force, la force de la confiance. Quand l’homme sent ainsi le secours de Dieu, quand il sent qu’Il est là, et qu’Il lui vient en aide, son cœur aussitôt est comblé de foi, , et il comprend alors que la prière est le refuge du secours, le secours du salut, le trésor de la confiance, le port dégagé de la tempête, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le soutien des faibles, l’abri au temps des épreuves, l’aide au plus fort de la maladie, le bouclier qui délivre dans les combats, la flèche lancée à l’ennemi. En un mot, la multitude des biens entre en lui par la prière. Son cœur rayonne de confiance. Quand il a compris tout cela, il possède la prière dans son âme comme un trésor. Et tant sa joie est grande, il fait de sa prière une action de grâce. Une telle prière vient de Dieu, car l’homme prie désormais sans la moindre peine. Il fait continuellement jaillir les actions de grâce.