Sur Siracide 27,22-28,7
Saint Ignace d’Antioche, docteur de l’Unité de l’Eglise
Père Pierre-Thomas Camelot
Lettres d’Ignace d’Antioche, SC 10 bis, Introduction, p. 20s

Plus que comme écrivain, saint Ignace d’Antioche nous intéresse comme témoin de la foi. La date de ses lettres, leur spontanéité jaillissante, la personnalité même de l’auteur, évêque d’une des plus anciennes métropoles de la chrétienté, tout contribue à faire de ces textes, si courts soient-ils, une bonne introduction à l’Histoire ancienne de l’Eglise. Ses lettres, non seulement sont riches en détails concrets et précis sur la vie de l’Eglise aux premières années du IIème siècle, mais le christianisme nous y apparaît, si l’on ose dire, dégagé de ses langes. Il est frappant, par exemple, qu’Ignace ne cite que très rarement l’Ancien Testament ; son éducation s’est faite en dehors de la synagogue. Nous sommes en présence d’une plante toute neuve, jaillie en plein territoire païen de la plus pure semence chrétienne.
Un mot peut résumer toute la pensée d’Ignace, c’est celui de l’unité, et il se définit lui-même comme un homme fait pour l’union. Il n’y a qu’un seul Dieu, écrit-il aux Magnésiens. Mais Ignace n’insiste pas ; il n’a pas dans sa perspective le polythéisme païen, ni la préoccupation de démontrer que Dieu est le Père et le Créateur du cosmos tout entier, comme Clément de Rome. Pour lui, Dieu est le Père, tout simplement, ou le Père de Jésus-Christ : son vocabulaire et sa pensée viennent directement de l’évangile et de l’Apôtre.
Ignace veut persuader les incroyants qu’il n’y a qu’un seul Dieu qui s’est manifesté par Jésus-Christ. Le Christ est au centre de sa pensée comme de sa vie. C’est par Jésus-Christ que nous connaissons Dieu : La connaissance de Dieu, c’est Jésus-Christ. Le christianisme est connaissance de Dieu : le Dieu du chrétien est invisible, mais il n’est pas inconnaissable, car il s’est fait visible pour nous par Jésus-Christ. Ce Fils, le Christ, est apparu en forme humaine ; il était avant les siècles près du Père, il est venu du Père un sans le quitter cependant, et il est retourné vers lui dans l’unité. Dans ces écrits, Ignace souhaite à ses correspondants l’unité avec Jésus et le Père ; la charité, la miséricorde, la prospérité viennent de Dieu et de Jésus-Christ ; l’évêque reçoit son ministère de la charité de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ. Le chrétien n’a qu’un seul but, atteindre Dieu, atteindre le Christ : c’est tout un. Dieu est vu, connu, aimé dans le Christ, qui lui est indissolublement uni. L’unité divine est Trinité.