sur 1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 4,1-16
Saints Simon et Jude
Benoît XVI
La sainteté ne passe pas, p. 225s

Nous considérons Simon le cananéen et Jude Thaddée ensemble, non seulement parce que, dans les listes des Douze, ils sont toujours rappelés l’un à côté de l’autre, mais également parce que les informations qui les concernent ne sont pas nombreuses, en dehors du fait que le Canon néo-testamentaire conserve une lettre attribuée à Jude Thaddée.
Simon reçoit une épithète qui varie dans les quatre listes : alors que Matthieu et Marc le qualifie de cananéen, Luc le définit en revanche comme un zélote. En réalité, les deux dénominations s’équivalent, car elles signifient la même chose : dans la langue juive, en effet, le verbe qana signifie être jaloux, passionné, et peut être utilisé aussi bien à propos de Dieu, en tant que jaloux du peuple qu’il a choisi, qu’à propos des hommes qui brûlent de zèle en servant le Dieu unique avec un dévouement total, comme Elie. Il est donc possible que ce Simon, s’il n’appartient pas précisément au mouvement nationaliste des Zélotes, fût au moins caractérisé par un zèle ardent pour l’identité juive, donc pour Dieu, pour son peuple, et pour la Loi divine.
En ce qui concerne Jude Thaddée, il est ainsi appelé par la tradition qui réunit deux noms différents : en effet, lorsque Matthieu et Marc l’appellent simplement Thaddée, Luc l’appelle Jude fils de Jacques. Le surnom de Thaddée est d’une origine incertaine, et il est expliqué soit comme provenant de l’araméen tadda, qui veut dire poitrine et qui signifierait donc magnanime, soit comme l’abréviation d’un nom grec comme Théodore, Théodote. On ne connaît que peu de choses de lui ; seul Jean signale une question qu’il posa à Jésus au cours de la Dernière Cène ; Thaddée dit au Seigneur : Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde ? C’est une question de grande actualité que nous posons nous aussi au Seigneur : pourquoi le Ressuscité ne s’est-il pas manifesté dans toute sa gloire à ses adversaires pour montrer que le vainqueur est Dieu ? Pourquoi s’est-il manifesté seulement à ses disciples ? La réponse de Jésus est mystérieuse et profonde : le Seigneur dit : Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera et nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Cela signifie que le Ressuscité doit être vu et perçu également avec le cœur, de manière à ce que Dieu puisse demeurer en en nous. Le Seigneur n’apparaît pas comme une chose ; il veut entrer dans notre vie et sa manifestation est donc une manifestation qui implique et présuppose un cœur ouvert. Ce n’est qu’ainsi que nous voyons le Ressuscité.