Sur Jean 6, 51-58
La défaite de la mort

Saint Aphraate
De la mort et des temps nouveaux, Patrologie syriaque, sermon

L’Apôtre dit : La mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même en ceux qui n’ont pas péché, et ainsi elle est passée en tous les hommes. Comment la mort a-t-elle régné depuis Adam jusqu’à Moïse ? Lorsque Dieu a dit à Adam : Le jour où tu mangeras le fruit de l’arbre de la science du bien et du mal, tu mourras de mort. Quand Adam eut transgressé le précepte et eut mangé de cet arbre, la mort régna sur lui et sur tous ses fils. Puis elle est passée dans tous les hommes de Moïse à la fin du monde. Quand le Très-Saint appela Moïse du sein du buisson ardent, il lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Entendant ces paroles, la mort fut ébranlée, trembla de crainte et comprit qu’elle ne règnerait pas à jamais sur les hommes ; elle fut envahie par le doute, car elle sut que Dieu était le roi des morts et des vivants, et qu’il viendrait un temps où les hommes échapperaient à ses ténèbres, ressusciteraient dans leurs corps.
Quand vint Jésus, le Meurtrier de la mort, qu’il revêtit un corps de la semence d’Adam, qu’il fut fixé à la croix et qu’il goûta la mort, alors elle comprit qu’il allait descendre chez elle. Elle fut ébranlée et troublée : à la vue de Jésus, elle referma ses portes et refusa de le recevoir. Mais lui brisa les portes, entra chez elle et commença à lui arracher tous ceux qu’elle détenait. Les morts, voyant la lumière dans les ténèbres, levèrent la tête hors de leur prison, regardèrent à l’extérieur, et virent le Christ Roi. Alors se lamentèrent les puissances des ténèbres de la mort, car la mort sut que les morts ressusciteraient et seraient arrachés à son pouvoir. Et le Christ lui signifia que, quand les temps seraient accomplis, il viendrait pour libérer tous les captifs de son empire, pour les conduire à lui afin qu’ils voient la lumière. C’est pourquoi la mort dut laisser partir Jésus une fois qu’il eut accompli son ministère chez elle, elle ne put le retenir. Elle ne prévalut pas contre le Saint qui ne fut pas livré à la corruption. Ainsi Jésus mort fut meurtrier de la mort à qui l’on dit désormais : Mort, où est donc ta victoire ?
L’Esprit Saint, dans sa force puissante, précédera le Christ ; il attendra le signal. Dès que la corne sonnera et que les trompettes éclateront, l’Esprit se hâtera d’ouvrir les tombeaux, éveillera ceux qui y sont enterrés et les revêtira de sa gloire. Et l’homme ressuscité, enlevé par l’Esprit, ira au-devant du Roi Christ qui le recevra dans la joie. Dans sa bonté, le Christ se montrera à celui qui, durant sa vie, aura gardé l’Esprit Saint dans un cœur pur. Et ceux qui auront reçu l’Esprit Saint seront semblables à l’Adam céleste qui est notre Vivificateur, Jésus, le Christ.