Sur Sagesse 18,1-15 . 19,4-9
Vers le chant de louange
Père Divo Barsotti
Le livre de la Sagesse, p. 212s

Les justes sont protégés et délivrés par Dieu, mais la colère de Dieu poursuit les impies jusqu’à leur complète destruction. Après la mort des premiers-nés, c’est l’armée entière de Pharaon qui est engloutie dans la mer. Les justes vivent au milieu des périls, ils semblent plus menacés que les impies parce que ceux-ci sont mieux armés : ils ont la richesse, le pouvoir, et les justes n’ont que Dieu. Mais Dieu est leur salut. Quand Israël met sa confiance dans la force matérielle, il s’effondre ; quand il se fie à Dieu, il n’a rien à craindre.
Il y a une loi de l’impiété comme il y a une loi du bien : l’homme qui, dans la foi et l’espérance, s’abandonne à la grâce, va, peut-on dire, de miracle en miracle. Son salut se manifeste de manière extraordinaire, la présence de Dieu se révèle de plus en plus efficace dans sa vie. Pour les impies, c’est le contraire : celui qui s’éloigne du bien, celui qui se soustrait à Dieu, s’en va dans la ligne de son premier péché et se précipite de ruine en ruine. On dirait qu’il ne peut s’arrêter dans sa chute toujours plus profonde. Certes, Dieu peut, à tout moment intervenir et interrompre ce chemin de mort ; mais, mise à part l’intervention de Dieu, c’est comme s’il y avait dans l’impiété une force qui entraîne l’homme irrésistiblement jusqu’à sa destruction totale. Le Livre de la Sagesse reprend les termes mêmes de la philosophie grecque : la vie de l’impie paraît obéir à une loi de nécessité ; la conséquence du péché est la mort, et la mort est le destin de l’impie. Dieu seul peut briser la chaîne d’une causalité qui semble détruire l’homme. Tandis que les impies trouvent la mort, Israël obtient au contraire la vie et la liberté. Et son chant de louange et d’action de grâces à Dieu est ce qui l’a sauvé.
La passage de la Mer Rouge commence et finit par un chant de louange. Tout le peuple traverse et loue le Seigneur comme son Sauveur. Au lieu de s’agiter, ils prient ; au lieu de combattre, ils prient : c’est une image de ce que sera dans son ensemble la vie des justes. L’action qui protège et sauve Israël est uniquement l’action de Dieu. La vie du peuple s’exprime essentiellement dans la prière qui appelle Dieu, et dans l’hymne qui le loue, car, jour après jour, Israël ressent sa protection et son amour. La fin de toute l’histoire, c’est le chant de louange.
Le livre inspiré affirme encore autre chose : les propriétés des éléments changent. Le salut de l’homme entraîne avec lui une transformation de l’univers : la protection de Dieu sur le juste implique une transfiguration du monde, lequel désormais est tout entier au service de l’homme. Le monde, renouvelé par la Parole de Dieu, devient vraiment le Royaume de l’homme, comme Dieu dit l’avait dit au commencement.