Sur 1 Maccabées 1, 41-61
« Cela n’a pas été pour leur perte »

Saint Augustin
Discours sur le psaume 139, OC 15, p. 321s

Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres du dehors (Matthieu 22,13). Là où le Seigneur a enseigné le malheur d’être jeté au dehors, il a enseigné aussi le bonheur d’être reçu au-dedans. Qu’a-t-il dit, en effet, au bon serviteur ? Entrez dans la joie de votre Seigneur. Et qu’a-t-il dit du mauvais serviteur : Précipitez-le dans les ténèbres du dehors. Ne préférez donc pas les choses extérieures, mais les choses intérieures. Mettons notre joie dans les choses intérieures, et soyons aux choses extérieures par nécessité et non par volonté. L’homme intempérant de la langue ne marchera pas droit sur la terre.
Les maux chasseront l’homme injuste comme une proie, pour sa perte (Psaume 139,12). Les maux arrivent et l’injuste ne subsiste pas ; c’est pourquoi il est dit : Ils le chasseront pour sa perte. Bien des maux ont fondu sur un grand nombre de bons, sur un grand nombre de justes : les maux les ont par ainsi dire saisis. C’est pour cela que le psaume 139 emploie la comparaison d’une chasse, parce que chacun cherche à se dérober au malheur, et que, quand le malheur le saisit, l’homme en devient comme la proie. Mais est-ce que les méchants seulement fuient les malheurs qui les cherchent ? N’a-t-il pas été dit également aux bons : Si l’on vous persécute dans une ville, fuyez dans une autre (Matthieu 10,23). En persécutant les bons, c’est-à-dire nos martyrs, , en se saisissant d’eux, les méchants en ont pu faire leur proie, mais ils n’ont pu les perdre. La chair a été torturée, l’âme a été torturée ; l’âme a été couronnée. Et une fois l’âme expulsée de la chair, les persécuteurs n’ont pu rien faire à la chair qui lui nuisit à l’avenir. Que la chair soit brûlée, que la chair soit frappée, que la chair soit déchirée, est-ce qu’elle est ravie à son Créateur pour être entre les mains d’un persécuteur ? Celui qui l’a créée de ce qui n’était pas, ne saura-t-il la rétablir plus parfaite qu’elle n’était ? Toutes les fois donc que des justes ont été pris, ils ont été sans doute la proie des méchants, mais ce n’a pas été pour leur perte.