Sur 2 Maccabées 6,18-31 . 7,1-19
Le martyre d’Eléazar
Père Divo Barsotti
Le second livre de Maccabées, p. 97s

Au temps de Maccabées, le prophétisme est terminé : nous sommes au seuil de la dernière époque, de l’ère messianique. Ce qui succède à la prophétie, c’est l’enseignement des scribes, l’enseignement de ceux qui interprètent authentiquement la Parole de Dieu, qui sont les gardiens de la Loi, les gardiens de la Parole de Dieu. Eléazar n’est pas un prophète, il appartient à l’ordre sacerdotal. Son nom rappelle celui du fils d’Aaron : c’est donc la vraie tradition sacerdotale qui continue en Eléazar ; à l’encontre des prêtres qui sont devenus grecs jusque dans leur nom, Jason et Ménélas, voici la continuité de la tradition dans un sacerdoce authentique et fidèle : fidèle dans sa vie, fidèle dans son enseignement.
On contraint violemment Eléazar à manger de la viande de porc ; pour lui, c’est chose impossible, c’est aller contre la Loi. Ce qui compte ici, c’est le motif pour lequel Eléazar marche au supplice : il n’est pas juste qu’après une vieillesse honorée, moi qui arrive à la fin de mes jours, je renie ma vie. Je dois donner un exemple aux jeunes, je dois être fidèle à la Loi divine. Ce qui fait de lui un martyr, c’est le dernier motif, la fidélité à la Loi, ce qui veut dire la fidélité à Dieu.
Serions-nous tentés de croire que l’âme d’Eléazar n’atteint Dieu qu’indirectement, sans un rapport personnel ? Que sa piété se réduit à la fidélité à la Loi ? Non, Eléazar meurt parce qu’il ne pourra, ni vivant, ni mort, échapper aux châtiments du Tout Puissant. C’est une première affirmation, encore implicite, d’une vie après la mort. Dans le martyre des sept frères, que racontera la chapitre suivant, la vie après la mort est affirmée explicitement, et avec force, et c’est cette déclaration qui donne au second livre des Maccabées une très grande valeur sur le plan de la révélation. Mais déjà, dans le discours d’Eléazar, Dieu est le juge qui récompense et châtie non seulement ici-bas, mais même après la mort.
Les dernières paroles du martyr expriment noblement son acceptation volontaire et magnanime de la mort : Le Seigneur qui possède la sainte science sait que, pouvant échapper à la mort, je souffre dans mon corps de terribles douleurs ; mais dans mon âme je supporte volontiers tout cela pour sa sainte crainte. C’est une confession de foi explicite, et le témoignage d’une adhésion à Dieu dans la volonté et dans l’amour.