Sur Matthieu 25, 31-40
Secourir les pauvres
Anonyme syriaque
Deuxième homélie sur la pécheresse, L’Orient Syrien, 1962, p. 219s

Invite les indigents chez toi, et crois, que, en eux, Jésus s’assiéra à ta table, car, en invitant des hommes, tu fais plaisir à Dieu : ainsi en effet, il est clair que c’est la foi qui invite. Si tu invites avec foi, pour Lui, les indigents, puisque ce n’est pas Lui en personne que tu fais entrer dans ta maison, par ceux-là que tu invites en son honneur, tu Le reçois à ton repas. En eux, Il a mangé alors qu’Il n’a pas faim ; par eux, Il a bu, alors qu’Il n’a soif ; en eux, Il est vêtu, alors qu’Il n’est pas nu. Quand tu combles les besoins des pauvres, c’est Lui, qui, sur Lui-même, porte le poids de leurs besoins : J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais nu et vous m’avez vêtu.
Quoi donc, que dis-tu ? Lui, Il a été calomnié en personne à cause de nos besoins, par amour ; et toi, tu ne comblerais pas ses besoins ? Lui, il a supporté ta faim ; et toi tu ne lui donnes pas Son pain ? Il a supporté ta soif, et toi, tu ne lui donnes pas Sa boisson ? Il s’est montré en personne devant toi, mais en cachant Sa gloire, et tu ne l’as pas couvert de Son manteau. Il a porté ce qui est à toi ; et toi, en justice, tu ne Lui donnerais pas ce qui est à Lui. Car la faim, la soif, et la nudité sont de toi ; donner à manger, à boire, à se vêtir, c’est de Lui. Il a apporté, Il t’a donné de ce qui est à Lui, pour que tu en deviennes le donateur. Et Il a enlevé de toi les besoins pour en être, Lui, le bénéficiaire.
Il y a deux raisons pour lesquelles Il veut te faire rougir, ce Maître intérieur, afin que tu ne lésines pas dans tes dons. La première, parce que c’est Lui qui demande ; la seconde, parce qu’Il réclame comme si c’était pour toi. C’est toi, en effet, qui as faim, qui as soif, et qui es vêtu par autrui, parce qu’Il t’a fait participer à la nature de celui dont ces besoins ont été assouvis. Et, soit par dette, soit par amour, tu dois obéir avec empressement, et faire des dons : par dette, parce qu’Il est le Seigneur ; par amour, à cause de la participation de nature.
Revêts-toi toi-même, ô homme ! Et comment ne te parait-il pas et ne te semble-t-il pas que, dans l’autre, c’est toi qui es nu ? Mange parce que tu as faim ; bois, parce que tu as soif. Et si tu dis : Moi, je suis rassasié, j’ai bien assez bu, c’est l’animalité qui est rassasié en toi, et non pas l’humanité. Car celui qui mange sans ressentir la faim d’autrui, mange comme un animal et non pas comme un homme ; car manger soi-même, sans donner à manger aux autres, c’est le propre des animaux. Donne donc aux indigents, fais manger les affamés, revêts ceux qui sont nus, visite les malades afin d’entendre la voix pleine de bonté du Christ : Viens, béni de mon Père, héritier du royaume qui t’a été préparé !