Sur Ruth 3, 1 – 18
Le sens symbolique de l’histoire de Ruth
Saint Ambroise de Milan
Traité de l’Evangile de Luc, SC 45, p. 136s

Comment se fait-il que Ruth, l’étrangère, ait épousé un Juif ? Pourquoi Matthieu a-t-il cru devoir mentionner, dans la généalogie du Christ, cette union interdite par le texte même de la Loi ?
Comment donc Ruth est-elle entrée dans l’assemblée du Seigneur, sinon par une conduite sainte et sans tache qui l’a placé au-dessus de la Loi ? Oui, vraiment, si Ruth a échappé aux interdits de la Loi, si elle est entrée dans l’Eglise en devenant israélite, si elle a mérité d’être comptée parmi les aïeules du Seigneur, c’est en raison d’un choix divin, fondé non sur les liens du sang, mais sur une parenté spirituelle.
Ruth est donc un grand exemple pour nous tous qui avons été rassemblés du milieu des nations païennes, car en elle fut préfigurée notre entrée dans l’Eglise. Imitons-la : sa conduite lui a mérité la grâce d’être admise dans la communauté d’Israël ; à notre tour, méritons d’être accueillis dans l’Eglise du Seigneur par la pureté de notre vie.
Noémi était veuve, privée de ses fils, quand elle apprit que Dieu visitait Israël ; alors se préparant à rentrer chez elle, elle se mit à persuader les épouses de ses fils de regagner aussi leurs demeures respectives. Ruth voulut demeurer avec sa belle-mère. C’est ainsi que Noémi et Ruth parvinrent ensemble à Bethléem.
Lorsque cette décision de Ruth, son dévouement pour sa belle-mère, sa fidélité envers son mari défunt, sa piété pour Dieu parvinrent à la connaissance de Booz, qui devait être l’aïeul de David, il la choisit pour épouse, conformément à la Loi de Moïse afin de susciter une descendance à son parent décédé.
C’est donc à juste titre que saint Matthieu, voulant par son Evangile inviter tous les peuples païens à entrer dans l’Eglise, a rappelé que le Seigneur lui-même, auteur de ce rassemblement des nations païennes, a tiré de femmes étrangères son origine selon la chair. C’était signifier, dès ce moment-là, que cette lignée donnerait le jour à celui qui appellerait les païens ; nous aussi rassemblés de peuples étrangers au peuple de Dieu, nous le suivons en abandonnant notre pays natal, et en affirmant à qui nous invite au culte du Seigneur, que ce soit saint Paul ou quelque évêque, ton peuple sera mon peuples, ton Dieu sera mon Dieu.