Sur Isaïe 43, 1-13 / Luc 1, 46-56
« Toutes les générations me diront bienheureuses »

Suzanne de Dietrich
C’était l’heure de l’offrande, p. 23s

Laisse-nous, ô Marie, entrer un moment dans le mystère de ton âme. Ou plutôt, laisse-nous nous recueillir sur le seuil. Car tu n’es point de celles qui content leur âme à tout venant. Tremblante de la grâce qui t’était faite, tu la serras dans ton cœur.
Que tu es seule, Marie, parmi les hommes, depuis qu’un ange t’a visitée. Longtemps, peut-être, tu as cherché vers qui aller. L’ange avait prononcé un nom : Elisabeth. Alors tu courus aux montagnes de Judée. Il est une maisonnette au vallon embaumé, où l’amandier fleurit. Elle t’attendait. Et de vos cœurs monta un chant que le ciel recueillit. Joie surnaturelle des divins abaissements. Main adorable du Seigneur qui exalte les humbles et réprime les puissants.
Marie, mon âme est trop souillée, mon âme est trop usée pour parler de toi. O toi qui fut claire comme le cristal, douloureuse comme le monde, mets en nous tous ta souveraine douceur.
Marie, ton secret, c’est la parfaite docilité à la grâce. C’est la réceptivité simple de l’âme soumise. Ton étonnement candide devant la promesse de l’ange n’est point un doute. Une surprise seulement de cette grâce insigne d’être choisie. Mais tu as accepté dès longtemps que Dieu use de sa servante comme il lui semblera bon.
L’âme vraiment humble trouve simple ce que Dieu fait en elle, puisqu’Il est Dieu. Elle sait que tout est grâce : ce que Dieu lui annonce, elle le croit. Mais elle sait aussi que de grandes choses ont été faites en elle et elle le dit : Toutes les générations me diront bienheureuse. Parole mystérieuse sur les lèvres de cette humble, parole véridique, les siècles l’ont confirmée.
L’Incarnation : mystère éternellement voulue de Dieu ! Néanmoins suspendu au « fiat » de Marie, cela est impensable, mais vrai !
Heureuse celle qui a cru ! Parce que les choses, qui lui ont été dites de la part du Seigneur, auront leur accomplissement ! Cela est vrai de toutes les promesses de Dieu, cela est vrai de toutes les promesses de l’Evangile. Il faut s’en emparer, il faut les croire.