Cet Enfant tout juste né

Pierre Emmanuel
Evangéliaire, Livre de Vie 93, p. 53-54

De toi, Bethléem Ephrata, le plus mince entre les clans de Juda,
Me naître le Chef de mon peuple, le Pâtre de mon troupeau, Israël,
La source de nos jours, le Principe, Cep dont toute vie participe,
Mon Unique Fils, l’Eternel.
Telle est la parole adressée à Michée ! Et voici le fait : une étable,
Une jeune femme épuisée qui vient d’accoucher sur la paille ;
Un homme gauchement affairé : ni eau, ni feu, ni aide aucune,
Et cet Enfant tout juste Né.
Ce Dieu, qui naît contrairement au bon usage des fables,
Vient au jour subrepticement, mais S’incarne très durement
Dans une misère ineffable,
Qui ne l’est que puisqu’Il est Dieu.
Homme, Il naît comme les plus pauvres,
Mais non point le dernier d’entre eux.
Homme, de même Il souffrira l’atroce peine de la Croix ;
D’autres ont souffert plus encore
Sans être cloués sur le bois…
De même, quand Dieu naît, le Verbe réduit à son vagissement
Souffre un anéantissement inconcevable à la superbe
De l’homme qui se croit néant et n’est rien qu’un esprit pesant,
Borné, myope, que surplombe, abîme infini de la tombe,
Un ventre de femme où Dieu prend
Corps de mort, de chair et de sang,
Sous le règne de César Auguste, Hérode étant roi de Judée,
Quirinius gouverneur de Syrie,
Au temps du recensement de la terre,
En la ville de Bethléem Ephrata, de Marie, femme de Joseph,
Fils de Jacob, descendant de David,
Est né un Fils, nommé Jésus.