Sur Matthieu 2, 13-33
Dans le Christ, les attributs les plus opposés…
Saint Augustin
Sermon au peuple, deuxième série, sermon 187, 1-3, OC 18, p. 50s

Ma bouche va publier les louanges du Seigneur, de ce Dieu par qui toutes choses ont été faites, et qui a voulu être lui-même comme toutes les autres créatures. Il est le révélateur de son Père et le créateur de sa Mère, le Fils de Dieu, né du Père sans avoir de mère, le Fils de l’homme né d’une mère sans avoir de père. Il est le grand jour des anges, et il s’est fait petit dans les jours des hommes ; le Verbe-Dieu avant tous les temps, le Verbe fait chair dans le temps marqué par sa providence ; le créateur du soleil et créé lui-même sous le soleil. Il règle le cours des siècles dans le sein de son Père, et consacre le jour présent en sortant aujourd’hui du sein de sa Mère ; il demeure toujours dans le sein de son Père, et il sort aujourd’hui du sein de sa Mère ; Créateur du ciel et de la terre, il naît aujourd’hui dans le ciel et de la terre ; sagesse ineffable, et aujourd’hui Sagesse réduite au silence de l’enfance. Il remplit le monde et il est couché dans une crèche ; il gouverne les astres et il est allaité par le sein maternel, lui si grand dans sa nature divine et si petit dans la nature de serviteur, mais sans que sa petitesse diminue sa grandeur, sans que sa grandeur accable en rien sa petitesse. Car, en prenant un corps humain, il n’a point cessé d’accomplir ses opérations divines, ni d’atteindre avec force d’une extrémité à l’autre, et de disposer toutes choses avec douceur. Lorsqu’il est revêtu de l’infirmité de la chair, il est descendu dans le sein d’une vierge sans s’y renfermer, et, sans ôter aux anges l’aliment de la sagesse, il nous a fait goûter combien le Seigneur est doux.
Que nul ne croie que la nature du Fils de Dieu ait été changée et transformée dans la nature du Fils de l’homme ; nous devons tous croire, au contraire, que la nature divine s’est étroitement unie, mais sans altération, sans confusion à la nature humaine, et que le Fils Dieu est devenu le Fils de l’homme tout en demeurant Fils de Dieu. Il est dit, il est vrai, que le Verbe était Dieu, et que le Verbe s’est fait chair, mais de ce que le Verbe s’est fait chair, il ne s’ensuit pas qu’il ait cessé d’être Dieu, puisque celui qui est né dans cette même chair à laquelle le Verbe s’est uni, s’appelle Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous.