Sur Colossiens 2, 16 – 3, 4
L’imitation des saints

Saint Basile de Césarée
Lettres, tome I, lettre 2 « A son ami Grégoire », p. 8s

La route qui mène à la découverte du devoir, c’est la méditation des Ecritures inspirées. C’est là que l’on trouve les règles de conduite, et les vies des bienheureux que l’Ecriture nous a transmises sont comme des images animées de la vie selon Dieu, proposées à l’imitation en leurs bonnes œuvres. Celui qui est épris de chasteté lit et relit l’histoire de Joseph, et apprend de lui la pratique de la chasteté. Il se forme au courage près de Job ; cet homme, lorsque sa vie fut retournée pour prendre la direction contraire, devenu, en un simple revirement de fortune pauvre après avoir été riche, et privé d’enfants après avoir eu une belle descendance, non seulement il resta le même et garda toujours aussi haute sa grande âme, mais lorsque ses amis, qui étaient venus pour le consoler, se mirent à l’insulter et s’unirent pour augmenter ses douleurs, il n’en fut pas même irrité. Si quelqu’un cherche comment il pourrait être en même temps doux et de cœur vaillant, pour pouvoir se servir de son courage contre le péché et de sa douceur à l’égard des hommes, il trouvera David, courageux dans ses hauts faits de guerre, doux et calme dans ses ripostes contre ses ennemis. Tel fut aussi Moïse, se dressant en grande colère contre ceux qui péchaient envers Dieu, et supportant d’une âme douce les calomnies lancées contre lui. Celui qui s’applique à se rendre parfait doit jeter les yeux sur la vie des saints comme sur des statues qui se meuvent et qui agissent, et par l’imitation faire sien le bien qui était leur.
Les prières à leur tour succédant aux lectures trouvent l’âme plus jeune et plus faite, remuée qu’elle a été par le désir de Dieu. Cette prière est belle qui imprime dans l’âme une claire idée de Dieu, et c’est cela loger Dieu : avoir, par le souvenir, son Dieu installé en soi. Ainsi nous devenons le Temple de Dieu quand les soucis terrestres n’interrompent pas la continuité de ce souvenir, quand les émotions imprévues ne troublent pas l’esprit, et quand, fuyant toutes choses, celui qui aime Dieu se retire près de Dieu, chasse les désirs qui nous invitent au vice, et s’attache aux pratiques qui mènent à la vertu.