Mardi du temps de Noël avant l’Epiphanie
Sur Jean 1,29-34
L’Agneau de Dieu
Cardinal Jean Daniélou
Jean Baptiste, témoin de m’Agneau, p. 120s

Jésus, celui qui existait avant les temps et qui est venu à la fin des temps, est à la fois l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le premier parce qu’il est le Fis éternel de Dieu, le dernier parce qu’il est la venue eschatologique du Fils éternel dans le temps et dans le monde pour chercher ce qui était perdu.
C’est ce dernier aspect, ce qui concerne, dans le témoignage de Jean, non seulement la divinité de Jésus, mais son action rédemptrice, qu’exprime la dernière forme de son témoignage, éminente entre toutes : Voici l’Agneau de Dieu. Cette formule du baptiste persistera à jamais comme le témoignage rendu à Jésus. C’est encore celle par laquelle, dans la liturgie eucharistique, le prêtre, renouvelant le geste de Jean, désigne Jésus, présent dans l’Eucharistie, à la foi des fidèles. C’est comme Agneau de Dieu que l’Evangile de Jean désigne Jésus sur la croix quand il lui applique le mot de l’Exode sur l’agneau pascal : Aucun de ses os ne sera brisé. C’est toute la figure de l’Agneau de Dieu que l’Apocalypse tout entière nous montre Jésus dévoilant et dénouant le mystère de la destinée humaine, en brisant les sceaux du livre qui la tenait enfermée. Tant il est vrai que le mot, par lequel le Baptiste a désigné au futur évangéliste, est resté pour celui-ci l’expression privilégiée de ce qu’est Jésus.
En désignant Jésus comme l’Agneau qui prend sur lui le péché du monde, Jean se référait, de toute évidence, à l’agneau immolé lors de la sortie d’Egypte. La colère de Dieu devait frapper toute l’humanité pécheresse, parce que Dieu est le Dieu saint. Mais parce que Dieu est le Dieu d’amour, le Fils de Dieu se substitue à l’homme pécheur pour porter le poids de la colère, en sorte que, tous ceux qui croiront en lui et seront marqués de son sang au baptême, seront épargnés. C’est ainsi que l’Agneau de Dieu prend sur lui le péché du monde. C’est ainsi que la Passion de Jésus rassemble mystérieusement et réconcilie ces deux aspects de Dieu sans lesquels Dieu ne serait pas Dieu, son infinie sainteté et son infinie miséricorde. C’est ainsi que l’Agneau de Dieu révèle et résout le mystère de l’homme dans sa double dimension de misère et de grandeur.