Sur Jean 2, 1-11
Marie, servante du Seigneur, pleine de grâces

Saint Augustin
Le livre de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, OC 23, p. 146s

Marie a été, par toutes, ses œuvres la servante du Christ. Elle l’a porté dans son sein, elle l’a nourri et réchauffé, elle l’a couché dans une crèche ; fuyant la présence d’Hérode, avec Joseph, elle le cacha en Egypte. N’entoura-t-elle pas son enfance de son affection maternelle la plus vive, et même, parvenu jusqu’à l’âge de l’homme parfait où elle le vit attaché à la croix ? Elle ne cessa de l’accompagner avec courage, le suivant, non seulement pour témoigner de son respect envers son Seigneur, mais aussi dans le désir de l’imiter. Et comme Marie a été la servante la plus dévouée de Jésus-Christ, de même elle l’a suivi, sans aucun doute, par sa fidélité religieuse et la charité d’une foi véritable. Comment ne put-elle pas croire à sa divinité, elle qui savait l’avoir conçu, non point d’une semence humaine, selon l’ordre de la nature, mais à la parole de l’ange par un souffle divin, et ne vit-elle pas les anges l’environner pour le servir, comme après sa conception et sa naissance quand se joignit à l’ange apparu aux bergers une multitude de l’armée céleste chantant : Gloire à Dieu, au plus haut des cieux, paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ? A ces signes, elle put connaître clairement que de tels hommages ne convenaient qu’à Dieu. De même la vue de l’étoile, et les mages venant des pays lointains, lui furent aussi une preuve de cette vérité. Egalement l’esprit prophétique qui anima Siméon et Anne.
Marie conservait toutes ces choses dans son cœur, tandis que sa foi, fortifiée par toutes ces marques, s’enracinait plus profondément. C’est pourquoi, sans hésiter, toute confiante dans la puissance de son Fils, comme dans la vraie vertu de Dieu, quand, aux noces, le vin manqua, elle dit : Ils n’ont plus de vin, sachant pleinement que la puissance de Jésus s’étendait jusqu’au point où il le montra bientôt en faisant un miracle divin. Voilà donc Marie, la servante de Jésus Christ par sa foi et par ses œuvres, sa suivante dévouée jusqu’à l’heure où il mourut, non pas tant, comme nous devons le croire, par ses pas matériels que par son désir de l’imiter. Si elle n’est pas là où Jésus Christ veut que soient ses ministres, où sera-t-elle donc ? Si Marie a été ornée pendant sa vie de plus de grâces que tous les saints, après sa mort, la proportion de ces grâces serait-elle diminuée ? Certes non, car si la mort de tous les saints est précieuse, celle de Marie est certainement plus précieuse encore, elle sur qui tomba une si grande abondance des grâces, qu’elle a pu être appelée la Mère de Dieu, et qu’elle le fut en effet.