sur Romains 3, 1-20
L’unité dans la Trinité
Père Bertrand de Margerie
La Trinité chrétienne dans l’histoire, p. 244s

« A cause de leur unité de nature, le Père est tout entier dans le Fils et tout entier dans l’Esprit Saint ; le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans l’Esprit Saint ; l’Esprit Saint est tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils ». Ce sont ces formules que le concile de Florence a choisies pour exprimer la doctrine de la périchorèse, c’est-à-dire ce qui unit les trois personnes de la Trinité dans un incessant mouvement d’amour.
Saint Hilaire part de la mutuelle immanence relative entre père et fils terrestre pour mieux montrer la transcendance de la périchorèse entre le Père et le Fils divins, co-éternels. Saint Hilaire ignore l’expression, périchorèse, mais en exprime la réalité ainsi : « Dès lors que le fils terrestre tient sa nature de son père et que celui-ci communique sa propre nature sans nul dommage ou division, par cette unité de nature le père terrestre demeure en quelque façon dans le fils et celui-ci n’est pas en dehors de son père. Cette présence, cependant, n’est pas parfaite, car ni le père ne peut communiquer à son fils toute sa substance, ni le fils ne tient de son père tout ce qu’il est. Dans la génération terrestre, en effet, le père transmet bien à son fils certains commencements et comme des germes de vie, mais il ne lui transmet pas toute sa substance vivante, aussi n’est-il pas dans le fils avec sa propre personnalité, mais uniquement par sa puissance d’agir. Quant au Père divin, qui est toute Vie et qui communique à son Fils toute sa substance vivante, il est dans son Fils, et il possède son Fils en lui-même, en vertu de cette parfaite unité de nature. Comme on le voit, chez Hilaire, l’immanence réciproque du Père et du Fils est liée, à travers l’identité de leur nature, à la génération éternelle du Fils par le Père, ce qu’il a exprimé avec une incomparable et intraduisible splendeur en son latin nerveux : Unum sunt qui invicem sunt.
La vie éternelle vers laquelle le mouvement pascal achemine les chrétiens ne consiste pas seulement à connaître le Père et celui qu’il a envoyé, mais encore à les connaître l’un dans l’autre, l’un par l’autre, et à reconnaître l’imperfection de notre unité à la lumière de leur parfaite unité et en son sein : Qu’ils soient un en nous.