Sur Romains 12, 1-24
Le culte spirituel
Origène
Commentaire sur l’épître aux Romains, p. 63s

Dans tout le texte de l’épître, l’Apôtre avait précédemment enseigné comment l’essence de la religion a été transférée des Juifs aux nations, de la circoncision à la foi, de la lettre à l’esprit, de l’ombre à la vérité, de l’observance charnelle à l’observance spirituelle, et il avait montré que ces réalités avaient été désignées par des voix prophétiques comme devant advenir ainsi, maintenant il commence à établir les usages et les pratiques de cette observance spirituelle à laquelle les rites du culte de Dieu ont été, d’après son enseignement, transférés : Puisqu’il faut se détourner des sacrifices charnels, je vous enseigne de quelles victimes Dieu se réjouit : et Je vous exhorte par la miséricorde de Dieu à offrir vos corps en victime vivante, sainte et agréable à Dieu : ce sera votre service spirituel.
Il appelle ici service le culte de Dieu. Puisque ce culte consistait jadis en l’offrande de corps d’animaux sans parole, qu’il soit offert maintenant, dit l’Apôtre, dans le corps de l’homme raisonnable, et que vos corps, non ceux des animaux, deviennent un sacrifice pour Dieu et soient placés sur les autels sacrés. En effet, ceux qui mortifient leurs propres membres en les soustrayant à l’aiguillon de la passion et de la colère, offrent de manière raisonnable une victime vivante, sainte et agréable à Dieu, et accomplissent, selon l’intelligence spirituelle, la loi des sacrifices qui fut promulguée dans le Lévitique.
Par exemple, de même qu’alors on offrait en premier lieu un jeune taureau, en deuxième un bélier, en troisième un bouc, en quatrième des tourterelles ou de petites colombes, afin que par ces offrandes l’âme de chacun soit purifiée selon la qualité de ses actions ; maintenant chacun, purifiant celles-ci dans son propre corps et discernant selon le sens spirituel, a offert à Dieu une victime vivante, par un service spirituel. Alors, chacun, par un service spirituel du culte divin, s’il vainc l’orgueil de son corps, immole un jeune taureau ; s’il vainc la sensualité, offre un bouc en holocauste ; s’il coupe court aux envolées flottantes et trompeuses de ses pensées, immole des colombes et des tourterelles. A présent, Paul exhorte ceux qui croient en Christ à présenter leurs corps comme une victime vivante, sainte et agréable à Dieu. Il appelle vivante la victime qui porte en soi la vie, c’est-à-dire le Christ ; aussi dit-il Nous portons dans notre corps la mort de Jésus pour que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps. Il appelle sainte la victime dans laquelle l’Esprit Saint habite : ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit Saint habite en vous ? Il appelle la victime agréable à Dieu en tant qu’elle a été séparée des péchés et des vices. Or tout cela, c’est le culte spirituel de Dieu.