sur Deutéronome 4, 1-8 . 9-31
L’élection d’Israël
Rupert de Deutz
De la victoire du Verbe de Dieu, Livre III, Chapitres 21 et 23

Réjouissons-nous d’entendre Moïse dire à Israël : Le Seigneur t’a choisi aujourd’hui pour que tu sois son peuple à lui et pour que tu gardes tous ses commandements. Ainsi il t’élèvera au-dessus de toutes les nations.
Quoi de plus doux, de plus généreux, de plus tendre que ce dessein ? Ce peuple était réduit en nombre, vraiment misérable par suite de son esclavage, c’était la plus vile, la plus misérable de toutes les nations, asservie aux peuples les plus puissants de l’époque. Dans cet esclavage même, Israël se trouvait en butte aux vexations et à la dérision des Egyptiens qui l’astreignaient aux durs travaux de l’argile et de la brique. C’est alors que Dieu fit le projet de le relever pour le placer au-dessus de toutes les nations : J’ai vu, dit-il, la misère de mon peuple en Egypte. Et il descendit pour le libérer, il livra ce grand combat.
Mais quelle est donc la suprématie d’Israël, en quoi Dieu a-t-il voulu l’élever, et l’a-t-il mis effectivement au-dessus de tous les peuples ? Pour le dire, nous empruntons les paroles de l’Apôtre : A eux appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses ; à eux aussi, les patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né selon la chair, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen. Est-ce là une mince supériorité ? Et Paul de s’interroger : Quelle est donc la supériorité du Juif ? Et il répond aussitôt : Grande à tous égards. D’abord à eux furent confiées les paroles de Dieu.
Quand et comment Dieu a-t-il confié à son peuple ses paroles ? Le cinquantième jour après la Pâque, lorsqu’il dit à Moïse : Monte vers moi sur la montagne et reste là : je vais te donner deux tables de pierre, la Loi et les commandements que j’ai écrits pour que tu les enseignes aux fils d’Israël. Dieu, en confiant ces paroles à Israël, s’est totalement impliqué dans ce don, qu’il est allé jusqu’à remettre à Moïse les signes permettant de conserver ses paroles : les deux tables de pierre écrites de sa main.
Existe-t-il dans le monde entier, y a-t-il dans la multitude des réalités et des symboles, quelque chose de plus efficace, de plus utile, de plus sûr que l’Ecriture Sainte pour aider l’esprit humain à connaître son Créateur ? Peut-être l’ordonnance du ciel, du soleil, de la lune et des étoiles ? Certes, ce sont là des réalités magnifiques et des sortes de signes de la toute-puissance créatrice, comme un langage qui instruit ou peut instruire notre intelligence. Mais l’Ecriture fait plus : elle garde le souvenir du passé, donne la signification du présent, annonce le siècle futur, et après nous avoir affirmé la toute-puissance du Créateur, elle nous communique aussi la volonté du Seigneur : chaque fois que nous le voulons, grâce à elle, c’est Dieu qui parle avec nous.