Matthieu 16, 13-19

La profession de foi de Césarée

Saint Jérôme

Commentaire sur saint Matthieu, SC 259, p. 13s

 

          Au dire des hommes, qui est le Fils de l’homme ? Jésus n’a pas dit : Au dire des hommes, qui suis-je ? pour que sa question à son sujet ne semblât pas inspiré par la vanité. Partout où l’Ancien Testament a employé l’expression Fils de l’homme, il y a en hébreu Fils d’Adam. Le Sauveur pose bien la question : Au dire des hommes, qui est le Fils de l’homme ? parce que ceux qui parlent du Fils de l’homme sont des hommes, mais ceux qui reconnaissent sa divinité ne s’appellent plus des hommes, mais des dieux.

          Jésus persistent, il ajoute : Mais vous, qui dites-vous que je suis ? Dans sa première question, Jésus cherche l’opinion des hommes ; maintenant il s’adresse aux disciples. Pour Jésus, les disciples sont des dieux, voilà pourquoi il insiste. Au nom de tous les apôtres, Pierre fait cette profession de foi : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Son Dieu, il le qualifie de vivant pour le distinguer de ces dieux qui passent pour des dieux, mais qui sont des morts, tels Saturne, Jupiter, Hercule et bien d’autres.

          Jésus paie de retour le témoignage que Pierre lui a rendu, sa profession de foi sincère reçoit sa récompense : Heureux es-tu, Simon Barjona. Pourquoi ? Parce que ce n’est ni la chair, ni le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père. Ce que n’auraient pu te révéler la chair et le sang, la grâce de l’Esprit-Saint te l’a révélé. Sa profession de foi lui vaut donc un nom qui indique qu’il reçoit cette révélation du Saint-Esprit, dont il doit aussi être appelé le fils. De fait, Barjona signifie  le fils de la colombe.

          Quant à ces paroles de Jésus : Parce que ce n’est ni la chair, ni le sang qui te l’ont révélé, compare-les au récit de l’Apôtre où il dit : Aussitôt, je n’ai point pris conseil de la chair et du sang. La chair et le sang désigne ici les Juifs. Là encore, en des termes autres, il est montré que ce n’est point la doctrine des Pharisiens mais la grâce de Dieu qui lui a révélé le Christ, Fils de Dieu.

          Et moi, je te dis. Pourquoi Jésus poursuit-il ainsi ? Parce que toi, tu as dit : Tu es le Fils du Dieu vivant. Et bien Jésus poursuit en quelque sorte ainsi ; je te dis également, et ce n’est point une parole vaine, et sans effet, mais je te le dis, car, pour moi, avoir dit, c’est avoir fait.