1 Samuel 4, 1b-18

L’Arche d’Alliance

Père Roland de Vaux

Arche d’Alliance et Tente de réunion, Mémorial Albert Gelin, p. 55s

 

          Les plus anciennes traditions du Pentateuque connaissent l’Arche d’Alliance et la mettent en relation avec les déplacements des ancêtres d’Israël au désert et les combats qui s’y livrèrent. L’Arche est une institution sacerdotale, le noyau d’un sanctuaire où Dieu réside en permanence. L’Arche avec les chérubins constitue le trône de Dieu, dont l’Arche est le marchepied et dont les chérubins aux ailes étendues et jointes forment le siège. La fonction de l’Arche comme marchepied du trône se concilie avec son ancienne détermination comme un coffre, réceptacle des tables du Sinaï : l’instrument du traité avec Dieu est déposé sous les pieds de Dieu. Cette Arche-piédestal ne supportait aucune image ; le trône joué par les chérubins dans la Tente durant la marche au désert, comme dans le Temple par la suite, était un trône vide. L’Arche, abritée sous la Tente ou dans le Temple, était bien le lieu des rencontres avec Dieu, le reposoir de Dieu.

          L’Arche a joué un rôle dans bien des oracles : elle était le signe de la présence divine et il semble naturel qu’on soit allé vers elle pour chercher Dieu. C’est devant l’Arche à Silo que Samuel entend pour la première fois la Parole de Dieu, comme ce sera devant l’Arche, au Temple, qu’Isaïe aura sa vocation de prophète.

          L’Arche a été considérée comme le lieu d’une théophanie perpétuelle. En effet, d’après les récits circonstanciés des livres de Samuel, la présence divine est attachée à l’Arche d’une manière permanente : lorsqu’elle arrive au camp philistin, les Philistins disent : Dieu est venu au camp. La capture de l’Arche signifie que la gloire, c’est-à-dire la manifestation de Dieu, a été bannie d’Israël. C’est alors que les Philistins et les habitants de Bet-Shémesh subissent les effets redoutables de cette présence et s’écrient : Qui pourrait tenir en face de Dieu, le Dieu Saint ? Lorsque David danse devant l’Arche, il danse devant Dieu ; quand l’Arche y entre, le Temple de Salomon est rempli par la nuée et par la gloire de Dieu. L’Arche est donc bien le trône sur lequel Dieu siège, invisible, assis sur les chérubins. Le Temple, où l’Arche est déposée, devient la demeure de Dieu, le lieu où il demeure à jamais.