1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 4,1-16

Thomas le réaliste

Père Claude Flipo

Hommes et femmes du Nouveau Testament, p. 183s

 

          Un réaliste que ce Thomas, un homme qui ne se paye pas de mots. Voir pour croire, voilà sa théologie. Il nous ressemble comme un jumeau, et c’est ce qui nous le rend sympathique. Il veut savoir où mettre la main, et aussi les pieds : au cours de la dernière Cène, c’est lui qui reprend Jésus : Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? Question de bon sens, dirions-nous. Mais n’est-ce pas plutôt une plainte, une sorte d’impatience ? Tu parles en figures ; dis-nous donc clairement les choses !

          Thomas n’est pas à l’aise dans les images, les symboles et les paraboles. C’est un tempérament direct, tout d’une pièce. Trois jours après qu’ils eurent appris que Lazare était malade, Jésus avait dit aux disciples : Notre ami Lazare repose, mais je vais aller le réveiller. Ils pensèrent que Jésus parlait du sommeil : Seigneur, s’il repose, il sera sauvé. Mais Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort… Allons auprès de lui. Que le Maître parle ouvertement, voilà ce qu’attend notre Thomas. Peu importe que Béthanie, proche de Jérusalem, soit un endroit dangereux que les autorités juives surveillent. L’important, c’est de savoir où l’on met les pieds. Alors, son attachement à Jésus s’exprime sans détour : Allons, nous aussi, et mourons avec lui !

          Mais maintenant qu’il leur parle de la maison de son Père, et d’une place qu’il va leur préparer avant revenir les prendre avec lui, Thomas est perdu : Nous ne savons pas où tu vas ! Il ne sait pas, il ne comprend pas ce langage, pas plus que Simon-Pierre quand Jésus veut lui laver les pieds : Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent ; par la suite, tu comprendras. Comme Simon, Thomas veut comprendre tout de suite. Aussi sa question souligne l’écart immense qui demeure à la veille de la Passion, entre la conscience de Jésus et l’incompréhension des disciples.