1 Samuel 11, 1-15

La guerre dans la Bible

Père Adrien-Marie Brunet

Lumière et Vie, Tome VII, n° 38, juillet 1958, p. 31s

 

          Le peuple de Dieu, comme tous les peuples de l’Antiquité, a connu la guerre et ses maux. Les livres historiques de la Bible sont remplis du récit des batailles qu’il eut à livrer : l’Exode, la Conquête, les guerres contre les Philistins, les Ammonites, les Moabites, les Edomites, les Araméens, les luttes fratricides entre le Royaume du Nord et celui du Sud, la résistance aux invasions des grands Empires, la chute de Samarie, celle de Jérusalem, la révolte des Maccabées nous replacent en face de la guerre et font de l’histoire sainte l’une des plus dramatiques du Moyen Orient ancien.

          Mais c’est sans doute pour cela que les écrivains sacrés ont si souvent repris ce thème de la paix pour décrire le bonheur des temps messianiques : car il n’est rien qui fasse davantage apprécier un bien que d’en être privé et de souffrir des maux qui accompagnent sa privation. Y a-t-il dans l’Ancien Testament des pages plus belles sur l’amour que celles qu’Osée a écrites ?

          Il ne faudrait pas penser cependant que la Bible n’aborde la guerre que sous cet éclairage qui nous plaît davantage parce qu’il répond à notre propre désir de paix. L’attitude des auteurs inspirés est plus complexe, comme les luttes elles-mêmes qui scandent leur histoire.

          L’expérience des combats a poussé Israël à désirer la paix, et pourtant il a fait la guerre de son plein gré, il y a vu une nécessité pour sa vie religieuse et nationale, il s’en est façonné une mystique. Il a connu la guerre sainte, la guerre contre les ennemis de son Dieu et de son peuple. Ses poètes et ses historiens l’ont chantée. Avec le développement de l’eschatologie, elle lui est même apparue comme l’une des scènes qui préluderont au jour de Yahvé. Un prophète a pu entrevoir le règne glorieux de Dieu sur les peuples nombreux et la fin de toutes les guerres : Il exercera son autorité sur les nations et sera l’arbitre des peuples nombreux, qui forgeront leurs glaives en forme de socs et leurs lances en faucilles. Les nations ne lèveront plus le glaive l’une contre l’autre, et l’on ne s’exercera plus à la guerre.