1 Samuel 12, 1-25

Samuel, la renaissance spirituelle

Adin Steinsaltz

Hommes et femmes de la Bible, p. 136s

 

          D’un certain point de vue, Samuel symbolise la fin d’une époque et marque le début d’une ère nouvelle. Il est en effet le dernier des Juges d’Israël, et c’est lui qui introduisit la royauté, en intronisant le premier des rois d’Israël, Saül. Samuel représente ainsi le lien entre le chaos et l’anarchie qui avaient marqué la période des Juges et celle d’un retour à des structures plus ou moins normales d’une nation, avec l’avènement du roi Saül, puis du roi David. Samuel est lui-même à l’origine du rassemblement des tribus en une entité politique organisée, en bref de la transformation du peuple d’Israël en une nation, sous l’autorité d’un roi. Cela dit, Samuel ne le fait pas de son plein gré et il dut pratiquement agir sous la contrainte divine. Ce rôle historique ne reflète pourtant pas l’entière personnalité de Samuel, car il ne fut pas qu’un instrument, chargé d’une certaine tâche. Son apport personnel constitue une contribution religieuse d’une large importance historique, et les Sages ont vu en lui bien plus que l’homme qui instaura la maison de David.

          Samuel proclamait des choses déjà connues, mais il les disait avec une solennité nouvelle, et c’est ainsi que nombre d’éléments de sa prophétie devinrent partie intégrante de la conscience juive religieuse.

          En autres choses, il ressuscita l’idée que le rituel n’était pas un succédané d’aspects plus spirituels de la religion. Samuel sut revenir aux éléments fondamentaux de la foi juive et de la Torah : un mode de vie parfait et rempli d’obligations. Après plusieurs générations de déclin, d’ignorance et de paresse spirituelle, Samuel fut le premier à rétablir avec sérieux un lien avec son propre monde spirituel. Il agit ainsi depuis son plus jeune âge, bien qu’il fût dénué de toute charge héréditaire. Samuel fut le véritable acteur de la renaissance religieuse en Israël, et remplit le rôle qu’avaient pu jouer, avant lui, Moïse et Aaron. Il n’eût même pas besoin d’inventer quelque chose de nouveau : il lui suffit de se référer à des éléments connus, comme s’ils étaient nouveaux. Il créa ainsi le cadre social et culturel qui permit l’avènement du futur royaume de David.