2 Samuel 4,2 – 5,7

Meurtre d’Ishbaal

Père Jean Steinmann

David, roi d’Israël, p. 78s

 

          Après la mort d’Abner, se produisit un autre meurtre, celui d’Isbaal, fils de Saül. Deux officiers, peut-être de race cananéenne, Baana et Rékab, originaire de Bééroth, cité au nord de Béthel, entrèrent chez Isbaal à l’heure de la sieste. La concierge, somnolente, ne s’aperçut de rien. Les deux hommes eurent accès jusqu’à la chambre à coucher d’Isbaal qu’ils trouvèrent endormi. Ils le tuèrent et, lui tranchant la tête, la portèrent à David, à Hébron. En vrai chevalier, David ne pouvait être qu’indigné du sinistre cadeau ! L’indignation de David n’était pas feinte : il détestait les méthodes déloyales et voulait donner des exemples de justice qui frappent les esprits frustes et leur inculquent le respect de la bonne foi. Encourager les assassins d’Isbaal, c’eût été se promettre soi-même, un jour ou l’autre, à la dague des sicaires.

          Mais ce crime, auquel David était totalement étranger, allait précipiter une évolution fatale. Le royaume d’Isbaal était livré à l’anarchie. Aucun autre des fils de Saül n’était de taille à surmonter la crise, et tous les vœux appelaient de plus en plus David à la monarchie. Les intrigues  d’Abner et l’habileté du roi de Juda portèrent leur fruit. Les chefs des tribus du Nord vinrent à Hébron lui offrir la couronne. Il l’accepta, et, au cours d’une cérémonie grandiose que la Bible ne fait que mentionner, il fut oint une seconde fois comme l’Elu de Dieu à la succession d’Ishbaal.

          Ce n’est pas que David se soit fait la moindre illusion sur le lien fragile entre les tribus du Nord et celles du Sud. Si les Benjaminites et les Galaadites l’acclamaient comme roi, c’est qu’ils ne pouvaient faire autrement. Ils attendaient de lui qu’il venge le désastre de Gelboé et la mort de Saül, qu’il efface le souvenir de son alliance passagère avec les Philistins. Il devait justifier sa couronne par ses victoires et forger lui-même l’unité des tribus et du royaume.

          Les difficultés commencèrent tout de suite après l’onction ; les Philistins, jusque là simplement méfiants, passèrent aussitôt à l’attaque.