Matthieu 13, 24-43

Le chrétien ne peut rien sans le ferment évangélique qu’est l’Esprit

Pseudo-Macaire

L’évangile de saint Matthieu commenté par les Pères, PdF 30, p. 96s

 

          Il y a des choses que l’âme semble faire par elle-même, dont elle semble prendre la responsabilité, qu’elle paraît mettre à exécution. Si elle s’appuie sur ses propres forces, si elle estime pouvoir par ses propres moyens les achever jusqu’à la réussite complète, sans l’assistance de l’Esprit, elle se fourvoie tout à fait. Elle n’est pas faite pour habiter les cieux ; elle n’est pas faite pour le Royaume, l’âme qui estime  pouvoir par elle-même et par ses propres moyens, sans l’Esprit, réussir la parfaite pureté. L’homme qui est sous l’empire de ses passions ne peut s’approcher de Dieu qu’après avoir renié le monde. Si cet homme ne croit pas, dans l’espérance et avec constance, qu’il doit recevoir un bien étranger à sa propre nature, ce qui est justement la force du Saint-Esprit, si la vie de la divinité n’est pas instillée en son âme, d’en-haut, par le Seigneur, non, jamais un tel homme ne gouttera la vie véritable ; non, jamais il ne recouvrera ses sens au sortir de l’ivresse qui lui vient de la matière : l’illumination de l’Esprit ne brillera jamais en son âme enténébrée. Jamais le jour saint ne resplendira en cette âme ; jamais elle ne s’éveillera du sommeil très profond de la non-science ; jamais elle ne connaîtra Dieu dans la vérité, par la force de Dieu et l’efficacité de la grâce.

          Si l’homme n’est pas jugée digne de recevoir la grâce avec la foi, il est impropre au Royaume. Il est en mauvaise position. Au contraire, quand il a reçu la grâce de l’Esprit, s’il ne s’en détourne à aucun moment, s’il ne l’outrage pas par son insouciance et sa mauvaise conduite, s’il a combattu longtemps sans contrister l’Esprit, il aura le bonheur d’atteindre la vie éternelle. C’est par les passions que l’on perçoit l’efficacité du mal. On doit de même percevoir la grâce et la puissance de Dieu dans les vertus, afin de pouvoir être entièrement assimilé à la bonne et divine nature, plongé en l’activité excellente et sainte de la grâce. Avec la marche en avant et la croissance, l’intention première, éprouvée par la durée et les circonstances, si elle est toujours unie solidement à la grâce et trouvée agréable à Dieu, devient, tout entière, définitif progrès dans l’esprit Saint. Elle est désormais sainte et pure, c’est l’Esprit qui a réalisé cela, elle est fermement établie digne du Royaume. Gloire et adoration au Père immaculé, ainsi qu’à son Fils et à l’Esprit-Saint dans les siècles éternels. Amen.