2 Samuel 18,6-17+24 – 19,4

Gardez votre zèle pour la lecture

Saint Jean Cassien

Quatorzième conférence « De la science spirituelle », SC 54, p. 192s

 

          Si vous avez conçu le souci de parvenir à la lumière de la science spirituelle, non par le vice de la vaine jactance, mais par une grâce de purification, enflammez-vous du désir de cette béatitude : Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu, afin que vous puissiez atteindre aussi celle dont l’ange parle à Daniel : Ceux qui auront été savants brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui en instruisent beaucoup à pratiquer la justice, luiront comme les étoiles dans les éternités sans fin, et sur laquelle on lit encore chez le prophète Osée : Allumez en vous la lumière de la science tandis qu’il est temps.

          Je sens que vous avez le zèle de la lecture. Conservez-le ; et de toute votre ardeur, hâtez-vous de posséder au plus tôt la plénitude de la science pratique, c’est-à-dire morale. Sans elle, la pureté de la contemplation demeure hors de nos prises. Ceux-là seulement qui sont devenus parfaits, non certes par l’effet de la parole de leurs maîtres, mais par la vertu de leurs propres actions, l’obtiendront en récompense après l’avoir payé de bien des œuvres et des labeurs. Ce n’est pas dans la méditation de la loi qu’ils acquièrent l’intelligence, mais comme le fruit de leurs travaux. Ils chantent avec le psalmiste : Par tes commandements m’est venue l’intelligence. Ils s’écrient, pleins de confiance, après avoir éliminé toute passion : Je chanterai des psaumes et j’aurai l’intelligence dans le chemin de l’innocence. Car celui-là comprend, tandis qu’il psalmodie, les paroles qu’il chante, lui qui marche dans les voies de l’innocence avec un cœur pur.

          Si donc vous voulez élever, dans votre cœur, le sacré tabernacle de la science spirituelle, purifiez-vous de la souillure de tous les vices, dépouillez-vous des soucis du siècle présent. Il est impossible que l’âme occupée, même légèrement, des soins envahissants de ce monde, mérite le don de la science, ou soit féconde en intelligence spirituelle, ou retienne avec fermeté les saintes lectures qu’elle a faites.