1 Rois 8, 22-35 + 54-61

La prière

Evagre le Pontique

Chapitres sur la prière, SC 589, p. 221

         

          L’âme purifiée par la plénitude des vertus contribue à stabiliser la position de l’intellect et le rend capable de recevoir l’état recherché.

          La prière est un entretien de l’intellect avec Dieu. De quel état a donc besoin l’intellect pour qu’il puisse sans retour se tendre vers son propre Maître et s’entretenir avec lui sans intermédiaire ?

          Si Moïse, après avoir tenté de s’approcher du buisson ardent sur terre, en est empêché jusqu’à ce qu’il ait retiré les sandales de ses pieds, comment toi, qui veux voir celui qui est au-dessus de toute sensation et notion, toi qui veux te mettre à converser avec lui, ne retireras-tu pas de toi toute représentation passionnée ?

          Prie d’abord pour l’obtention des larmes, afin de pouvoir attendrir par le deuil la sauvagerie inhérente à ton âme, et, après avoir confessé contre toi ton iniquité au Seigneur, tu obtiendras de lui le pardon.

          Tiens-toi avec diligence et prie avec vigueur, détourne-toi des soucis et des réflexions qui se présentent, car ils te troublent et t’agitent afin de relâcher ta vigueur. Quand les démons te voient bien disposé pour la prière véritable, alors ils suggèrent la représentation de certains objets soi-disant indispensables et, peu après, ils font remonter le souvenir que tu en gardes et poussent l’intellect à leur recherche ; à toi, ils te rappellent les objets de tes recherches et de tes souvenirs, afin que ton intellect s’étant détendu pour les connaître, tu perdes la fructueuse prière. Efforce-toi de maintenir ton intellect, au moment de la prière, sourd et muet, alors tu pourras prier.

          Quand il t’arrive une tentation, ou que le désir de te venger de l’adversaire t’incite à te mettre en colère ou à laisser échapper quelque son confus, souviens-toi de la prière et du jugement qu’elle comporte, et aussitôt le mouvement indiscipliné qui est en toi se calmera.

          La prière est un rejeton de la douceur et de l’absence de colère. La prière est un jaillissement de la joie et de l’action de grâces. La prière est un remède à la tristesse et au découragement.