Ephésiens 1, 1-14

Le plan divin du salut

Père Lucien Cerfaux

Le chrétien dans la théologie paulinienne, p. 487s

         

           L’hymne loue Dieu pour toute son œuvre du salut et de la révélation de son mystère. Paul esquisse la prédestination des chrétiens à devenir fils de Dieu dans des formules qui rappellent la lettre aux Romains. Viennent ensuite la rédemption où on sent à nouveau le contact avec la lettre aux Romains. Après cela, c’est le rappel de la révélation du mystère et sa définition par la récapitulation de toutes choses, célestes et terrestres, dans le Christ.

          Toute l’économie de l’accomplissement des temps est ainsi présentée dès le début de la lettre : prédestination, rédemption, récapitulation de toutes choses dans le Christ en vue de réalisation, et d’autre part révélation du mystère. Les deux points de vue, le mystère et sa révélation, se développent conjointement. On va de l’un à l’autre, ils se confondent. L’accomplissement du mystère s’accompagne de sa connaissance, l’œuvre objective s’achève dans la connaissance et par elle. La formule dans la louange de gloire souligne les divisions principales de l’hymne de louange et, par son accent liturgique, maintient jusqu’au bout le genre littéraire de cette préface solennelle de la proclamation du mystère.

          Dans l’économie de la révélation, deux temps restent distincts avec deux classes de personnage : les premiers appelés et ceux que leur message atteindra. Sans doute, ce n’est pas neuf dans la pensée paulinienne ; cependant, ici, le rôle apostolique est magnifié. Les apôtres possèdent comme une proximité plus grande avec le mystère de Dieu et avec le Christ ; ils reçoivent la révélation grâce à un contact immédiat avec le Christ, objet du mystère. Les chrétiens reçoivent la connaissance par leur intermédiaire. La priorité de la charge entraîne une primauté dans la connaissance. La théologie primitive a conservé cette doctrine paulinienne dans sa théorie de la plénitude de la connaissance apostolique.

          La connaissance du mystère est donc essentielle dans cette synthèse. C’est là qu’elle dépasse les synthèses de la lettre aux Romains. La différence ne porte pas à proprement parler sur l’objet du mystère, qui a toujours été annoncé dans le message apostolique, mais sur l’accentuation de l’idée de connaissance grâce à une lumière spirituelle qui nous fait pénétrer dans les arcanes de la sagesse de Dieu.