Ephésiens 4, 17-24

Les dons du Christ, ministères et communauté

Père Edouard Cothenet

Les épîtres aux Colossiens et aux Ephésiens, CE 82, p. 53s

 

                Descendant du Sinaï, Moïse avait apporté la Torah comme don par excellence, comme source de salut. Ici, ce sont des hommes que le Christ glorifié donne pour l’édification de son Eglise. Ce texte est l’un des plus expressifs du Nouveau Testament sur le caractère personnel du ministère. De même que, selon saint Marc (3-14), Jésus appela ceux qu’il voulait et les fit Douze, ici le Ressuscité s’empare si bien de ceux qu’il appelle qu’il les donne, eux en personne, pour le service de son Eglise.

                La liste des ministres au verset 11, Il a donné aux uns d’être apôtres, à d’autres d’être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, est la plus complète du Nouveau Testament. Paul met à part en premier les apôtres, puis viennent les prophètes et les docteurs ; la liste s’élargit alors avec l’adjonction des évangélistes et des pasteurs entre les prophètes et les docteurs, mais, curieusement, elle ne mentionne ni les épiscopes/presbytres, ni les diacres dont il est longuement question dans les Pastorales.

                Sans aucun doute, cette liste reflète le développement des ministères dans l’Eglise. Apôtres et prophètes semblent bien appartenir à la première génération, celle des fondements (2,2), alors que maintenant sont à l’œuvre les évangélistes, missionnaires comme le fut Philippe, l’un des sept (Actes 21,8), et les pasteurs dont la mission est d’assurer la direction des communautés locales (1 Pierre 5,1-4).

                Pour exprimer la tâche essentielle des ministres du Christ, notre auteur reprend l’image des articulations, comme en Colossiens (2,19), image toute naturelle dans la thématique du corps en croissance : selon cette nouvelle image, les ministres ne dispensent pas les saints de remplir leur propre rôle, mais assurent la coordination et veillent à la souplesse de l’organisme, jusqu’à ce que l’Eglise constitue cet Homme parfait dans le force de l’âge, achèvement de la récapitulation de l’univers par le Christ (1,10).