Matthieu 1,1-16 + 18-23

Adam et Eve invités à se réjouir de Marie, leur fille

Saint Bernard de Clairvaux

La Vierge Marie, Homélies des Pères cisterciens, tome I, p. 23s

 

Réjouis-toi, Adam, notre père,

et toi, Eve, notre mère, exulte encore davantage !

De nous tous, vous avez été les « parents », ceux qui donnent la vie,

de nous tous aussi vous avez été les meurtriers,

et, ce qui est encore plus dommage,

nos meurtriers avant même d’être nos « parents ».

Une de vos filles, et quelle fille !, va être pour vous un sujet de consolation

pour toi, surtout qui as été la cause du malheur,

et dont la honte a rejailli sur toutes les femmes.

Voici venu le temps où cette honte va être effacée ;

l’homme ne pourra plus dire de sa femme,

en s’excusant maladroitement lui-même, En l’accusant cruellement, elle :

« La femme que tu m’as donnée

M’a donné du fruit de l’arbre et j’en ai mangé ».

Allons, Eve !, cours à Marie, mère, cours à ta fille !

La fille prendra la défense de sa mère, fera disparaître sa honte,

et apaisera son père ; Car c’est un fait :

si l’homme est tombé par la femme,

ce n’est que par la femme qu’il pourra être relevé.

Que disais-tu, Adam ?

« La femme que tu m’as donnée m’a donné du fruit de l’arbre,

Et j’en ai mangé ».

Ces paroles sont méchantes : plutôt que de supprimer ta faute,

elles l’augmentent.

Change donc ton excuse en paroles d’action de grâces, et dis :

« La femme que tu m’as donnée m’a donné du fruit de l’arbre de vie,

Et j’en ai mangé ;

Il m’a été plus doux à la bouche que le miel, car il m’a donné la vie ».

Telle est la raison de l’envoi de l’Ange à la Vierge.

Ô Vierge merveilleuse et digne de tout honneur !

Ô femme, seule à être vénérable, admirable plus que toute autre femme !

Elle a réparé la faute de nos premiers parents,

elle a donné la vie à toute leur descendance !