Amos 7, 1-17

« Va-t-en d’ici… »

Père Charles Hauret

La vocation d’un prophète, AS 46, p. 31s

 

                Amazias, prêtre de Béthel, dit au prophète Amos : Va-t-il d’ici avec tes visions. Cette explosion de mécontentement n’a pas éclaté d’un seul coup. Le prêtre avait mûri sa décision ; il la justifiait par les provocations d’Amos. Le prédicateur, en effet, parlait à Béthel, de Béthel, contre Béthel.

                Trois griefs principaux reviennent le plus souvent dans les réquisitoires d’Amos contre les mauvais pratiquants : l’immoralité, les injustices sociales, la recherche de soi-même ou la satisfaction égoïste.

                A propos de l’immoralité, plutôt qu’une inconduite sexuelle généralisée, Amos vise la prostitution sacrée de plus en plus répandue en Israël, à l’imitation des Cananéens qui, pour honorer Baal et Astarté, fréquentaient les hiérodules. Cette perversion transformait la luxure en acte sexuel. Des Israélites osaient sanctifier ainsi le Nom de Dieu ; en réalité ils profanaient la sainteté du Seigneur. D’autre part, le culte couvrait des injustices sociales. Après avoir offert leurs sacrifices, les participants assistaient à des repas sacrés : Ils s’étendent auprès de chaque autel pour manger et boire sur des vêtements pris en gage à des débiteurs insolvables : en quoi ils violaient gravement la Loi qui oblige le créancier à restituer, avant la nuit, les habits saisis au pauvre. De plus, le vin qu’ils absorbent a été extorqué à des gens qu’ils ont frappés d’amende. L’injustice au service de la piété ! En définitive, Amos critique un culte où l’homme se recherche soi-même plus qu’il ne cherche Dieu.

                Amos ne condamne pas les fêtes de pèlerinage, les assemblées, les sacrifices, les cantiques ou la musique. Il accumule les adjectifs pour dénoncer vos fêtes, vos assemblées, vos sacrifices, vos cantiques, c’est-à-dire toutes ces manifestations cultuelles contaminées par l’immoralité, l’injustice et la complaisance égoïste. Des menaces précises contre Béthel accompagnent ces critiques : Je m’en prendrai aux autels de Béthel, Béthel sera réduit à néant.

                Celui qui profère de telles menaces contre Béthel, son temple, ses autels et ses pécheurs impénitents qui les fréquentent devait se voir tôt ou tard considéré comme un indésirable. Le prêtre, responsable du sanctuaire, lui signifie l’ordre d’expulsion ; Amazias dit au prophète Amos : Va-t-il d’ici avec tes visions.