Amos 9, 1-15

L’hymne au Seigneur du ciel et de la terre

Pères Pietro Bovati et Roland Meynet

La fin d’Israël, Paroles d’Amos, p. 212s

 

                Les mots qui proclament la sublimité du Nom du Seigneur (versets 5-6) sont placés sur les lèvres d’un locuteur non défini. Ce dernier pourrait être le prophète, lequel redirait, dans les catégories de la théophanie, le contenu menaçant de la vision reçue (verset 1). En même temps, la voix du prophète  se superpose d’une certaine façon à celle du peuple : on peut en effet imaginer que les diverses phrases prononcées, les différents titres attribués au Seigneur faisaient partie du trésor traditionnel de la prière publique d’Israël qu’Amos s’approprie en la réinterprétant.

                   La proclamation de la souveraineté, c’est-à-dire du pouvoir absolu de Dieu sur l’univers entier, est modulée de manière à souligner deux aspects à travers lesquels se révèle le message prophétique. La composition rhétorique permet de les mettre en évidence.

                   Le premier aspect est exprimé dans les versets qui encadrent le centre du texte : le Seigneur des armées est celui qui détruit le pays par le tremblement de terre (verset 5) et par le déluge (verset 6). Le Dieu créateur dé-fait son œuvre, le Dieu qui a produit la vie apporte la mort pour tous les habitants de la terre. Cette révélation du Nom de Dieu est la révélation du Dieu qui juge le monde, non pas, par conséquent, d’un Seigneur qui se manifeste pour dispenser ses bienfaits, mais de Dieu qui punit. Proclamé dans le sanctuaire, avec les mots mêmes des hymnes d’Israël, le message prophétique de condamnation acquiert toute sa force explosive.

                   Le second aspect est mis en évidence par le centre du texte (verset 6) qui, d’une certaine façon, s’oppose aux versets qui l’encadrent. Y est proclamé, en effet, que Dieu construit, alors qu’avant et après il est question du Seigneur qui détruit. C’est donc la stabilité de la demeure divine qui est soulignée ici, en opposition à une terre qui chancelle ou submergée par les eaux de la mer. En substance, ce qui est célébré, c’est que le Seigneur a son trône dans les cieux. Cette affirmation aussi fait partie des confessions de foi et de la prière publique d’Israël. Ce qui est professé, c’est que le Seigneur, justement parce qu’il règne en un lieu supérieur et inébranlable, exerce son jugement de manière infaillible, universelle, irrépréhensible. Prononcée dans le sanctuaire, une telle vérité signifie aussi que le lieu que les Israélites identifient comme siège de la divinité, Béthel, la maison de Dieu, pourra être frappé et détruit. La construction terrestre, œuvre des hommes, n’est pas la demeure de Dieu, et, en tant que réalité terrestre, elle sera jugée et anéantie.